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Emails et boîtes vocales: la fin du savoir vivre

Les salutations et formules de politesse d’hier sont devenues des contraintes à l’ère digitale. Certains militent pour les supprimer.

«Quel est le gonflé qui a laissé un message dans ma boîte vocale?», s’irrite Michel, un collègue, en saisissant son smartphone. Il l’écoute cependant. «Un discours sans queue ni tête, je me suis fait avoir.» Une réaction nullement surprenante à l’heure où les messageries vocales sont en passe de devenir obsolètes.

Moi, ce sont les «Très chère» suivis de mon prénom qui m’horripilent quand l’auteur est une entreprise souhaitant m’ajouter à sa liste de chères clientes ou une personne que je ne connais pas. Quel toupet qu’une telle proximité! La distance adéquate à respecter dans les échanges numériques pose problème.

Contraction de network et d’étiquette, la netiquette, ou code de conduite à appliquer sur le Net est là pour fournir des repères. Elle subit en ce moment de grands nettoyages de printemps. Les principaux initiateurs en sont Nick Bilton et Matthew J.X. Malady, deux journalistes américains. Parus en mars, les titres de leurs articles sont éloquents: Disruptions: Digital Era Redefining (New York Times, 10 mars) et It’s time to kill the email signoff (Slate ,12 mars). Tous deux s’estiment victimes de personnes impolies qui générèrent un gaspillage de leur temps.

Petit coup d’oeil à leurs réquisitoires. Bilton s’élève contre les personnes qui lui laissent des messages vocaux au lieu de lui envoyer des textos, rédigent des emails avec pour seul contenu un «merci beaucoup» ou qui commettent la pire des offenses envers l’efficacité de la communication digitale: déposer un message vocal puis expédier un email pour signaler que vous avez reçu un message vocal…

Une croisade anti boîte vocale est en marche. Dans la blogosphère, ils sont nombreux les internautes à estimer parfaitement pertinent d’ignorer le contenu de sa messagerie vocale, à l’exception cependant des envois provenant des parents. Les pratiques générationnelles diffèrent effectivement souvent avec des jeunes qui évitent de parler en direct et préfèrent communiquer par écrit pour échapper aux contacts sociaux et des aînés sensibles à la chaleur de la voix dans les relations humaines.

Quant à Malady, les formules de politesse en début et fin de messages (Dear, Hi, Hey, Regards, Best wishes ou Xoxo) lui sont devenues insupportables. Son point de rupture (breaking point) a été atteint avec un courriel d’un ancien collègue se terminant par la formule «Warmest regards». «L’heure est venue de supprimer toutes ces formules stupides datant de l’ère de l’encre et du papier. Dans ce contexte, elles étaient tout à fait appropriées. En 2013, il est impossible de justifier la poursuite d’une pratique de l’âge du «Pony Express» (…) Je reçois 300 emails par semaine et en envoie 500. Ce sont des messages et non des lettres manuscrites». Et l’auteur de relever le temps perdu à tenter de dénicher la formule idéale pour conclure au mieux un courriel. Internet regorge d’ailleurs d’articles examinant la force ou la faiblesse de telle ou telle cialis eli lilly australia.

Après avoir connu une inflation de formules inappropriées, va-t-on toutes les larguer? Les «Bonjour», «Salut», «Hello», «Coucou», «Bises», «Bien à vous», «Sincèrement vôtre», «Amicalement» ou «Cordialement», ces liants sociaux appartiennent-ils à un formalisme suranné?

Une dépersonnalisation de nos communications digitales réduites à leur seule fonction informative préfigure une société en perte de liens sociaux. Si nous vivons effectivement à une époque où chaque seconde doit impérativement être efficace et que l’adjonction de deux ou trois mots destinés à autrui paraisse déplacée, c’est là un problème que la Netiquette sera bien en mal de résoudre.