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Comment la ville de Martigny s’est mise à créer des start-up

L’institut de recherche idiap, spécialisé dans la reconnaissance vocale et faciale, a donné naissance à une kyrielle de jeunes entreprises aux débouchés prometteurs. Et fait de Martigny un pôle important en matière d’innovation technologique.

Ouvrir un centre de recherche de pointe en Valais? L’idée pouvait sembler un peu farfelue en 1991, quand l’idiap s’est installé à Martigny. Et pourtant, 22 ans plus tard, non seulement cet institut a conquis une reconnaissance mondiale, mais il a permis la création de plusieurs jeunes pousses dans la région. L’idiap a bénéficié d’une notoriété planétaire en ayant été choisi pour analyser les enregistrements présumés de Ben Laden en 2002. L’institut de recherche basé à Martigny ne cesse d’innover en matière de reconnaissance vocale et faciale et renforce sa présence sur tous les fronts. Fonctionnant comme un pont entre la recherche fondamentale et ses applications commerciales, l’idiap a permis l’éclosion de multiples start-up.

Cette réussite singulière est favorisée par un cadre de travail performant, avec sa propre culture de recherche, comme se plaît à le souligner Hervé Bourlard, directeur de l’institut: “Dans le monde universitaire, les projets de recherche ne bénéficient pas forcément d’un suivi leur permettant d’éclore commercialement. A l’idiap, nous nous efforçons de créer un climat de travail optimal pour nos chercheurs, en les déchargeant des tâches administratives, et en misant sur des échanges multidisciplinaires journaliers.”

Parmi la centaine de chercheurs, doctorants et autres cerveaux qui fourmillent dans les couloirs de l’idiap, un pool de dix collaborateurs se concentre essentiellement sur le processus d’innovation. Ils ont pour mission de trouver des applications pratiques et commerciales aux technologies développées par l’institut.

“Après la phase de recherche, il s’agit de trouver en quoi une technologie peut être intéressante et pour qui, poursuit Hervé Bourlard. Vient ensuite la question du développement du produit.”

“Il faut pouvoir s’adapter au besoin du marché, estime également François Foglia, directeur adjoint de l’idiap et responsable d’ideark, site technologique dédié aux interactions homme-ordinateur de l’incubateur The ark. Chaque client a des besoins spécifiques. La start-up Koemei vient de signer un contrat avec al-Jazeera, qui n’est pas directement intéressée par sa technologie de transcription vocale. En revanche, la chaîne a besoin d’un meilleur alignement des textes avec les signaux audio-vidéo.”

La jeune start-up est en train d’ouvrir une filiale à San Francisco pour répondre à une demande croissante. Son système de transcription et de reconnaissance vocale est déjà opérationnel en allemand et en français, le but étant désormais de l’adapter à d’autres langues comme l’arabe, le mandarin, le russe ou encore l’anglais pour investir de nouveaux marchés. “Nos start-up servent d’indicateurs commerciaux, note Hervé Bourlard. On peut rapidement vérifier ce qui marche bien ou ce qu’il faut abandonner.”

Deux métiers différents

Autre émanation de l’idiap, KeyLemon propose un système de reconnaissance faciale qui sera prochainement intégré dans les ordinateurs de la marque Fujitsu. Ce système permet par exemple de déverrouiller son ordinateur par la reconnaissance de son propre visage. Un système jugé encore plus sûr que le traditionnel mot de passe. Et l’entreprise Klewel propose un système d’enregistrement, de stockage et de recherche de données audio-vidéo et écrites pour les conférences. Les données sont stockées et il est ensuite possible de retrouver facilement n’importe quel élément à l’aide d’un moteur de recherche. L’entreprise, qui compte notamment Nestlé et l’Unicef parmi ses clients, ne tend pas à se développer particulièrement sur la scène internationale.

“Chaque société a sa propre stratégie, observe le directeur de l’institut. Créer une entreprise et la faire grandir sont deux métiers différents. Si l’on veut prendre de l’ampleur il faut être prêt à modifier les structures internes de l’entreprise, à changer son CEO, par exemple. Certaines sociétés, telles que Klewel, préfèrent miser sur la stabilité et ne désirent pas forcément prendre les risques d’une expansion internationale.”

Pour doper l’innovation, l’idiap compte également sur l’international Create Challenge, un concours organisé annuellement à Martigny en partenariat avec The ark et ideark. Ce rendez-vous gratuit permet de mettre en relation investisseurs et chercheurs du monde entier. Les candidats sont placés en immersion durant trois semaines et ont carte blanche pour imaginer un produit innovant dans la gestion d’information multimédia et l’interaction homme-ordinateur.

Au final, chaque équipe présente un prototype. “Mettre les gens d’horizons différents en relation est primordial. Certains veulent investir dans une idée ou une technologie qu’ils n’ont pas, d’autres ont une idée sans avoir les compétences pour la développer et la commercialiser, d’autres encore veulent se joindre à un projet. Il faut favoriser ce climat de rencontre, car souvent les intérêts sont communs au sein d’horizons différents sans que les gens le sachent”, détaille François Foglia.