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Jeunes mamans: l’utopie d’un corps parfait

De nombreuses femmes cherchent à maîtriser leur poids pendant et après la grossesse. Une tentative illusoire, qui peut présenter des dangers.

Avoir un bébé tout en gardant un corps inchangé: les femmes sont toujours plus nombreuses à entretenir cet espoir depuis les grossesses très médiatisées de Victoria Beckham et de Kate Middleton. La première semblait conserver une silhouette filiforme et la seconde affichait un corps de rêve quelques jours à peine après la naissance de son fils. Le phénomène a rapidement été baptisé «mummyrexie» par les magazines people.

Comme l’anorexie, ce comportement se manifeste par des diètes drastiques qui peuvent se révéler dangereuses. «Les régimes restrictifs sont fortement déconseillés durant la grossesse, met en garde Sandra Badel, diététicienne spécialiste en micronutrition. Il ne faut pas réduire son alimentation, car si l’on se prive, on prive aussi l’enfant.» Suffirait-il d’ailleurs de réduire son alimentation pendant sa grossesse pour retrouver ses courbes d’antan après la naissance? La situation est évidemment plus complexe, car chaque corps réagit différemment.

«Lorsque je suis tombée enceinte, j’ai eu peur de ne plus pouvoir maîtriser mon poids, raconte Nadia, une Genevoise de 32 ans, pour qui l’annonce de la grossesse a rapidement fait naître de l’anxiété. J’étais très préoccupée par les changements qu’allait subir mon corps et j’ai cherché à tout prix à les limiter en surveillant mon alimentation et en pratiquant le sport de manière assidue. Ma physionomie a changé malgré tout après la naissance de mon enfant.» Telle est la grande injustice de la grossesse: alors que certaines femmes retrouveront sans effort leur silhouette, pour d’autres les conséquences seront inéluctables.

Manger mieux, pas moins. Selon Yvan Vial, médecin-chef du Service de gynécologie et obstétrique du CHUV, une prise de poids de 10 à 12 kilos est tout à fait normale et peu dommageable lorsqu’on est enceinte. «Il y a une marge audessous de laquelle il ne faut pas descendre. La prise de kilos conseillée s’adapte à la morphologie de chaque femme. On recommandera à une patiente maigre de prendre plus de kilos qu’à une patiente déjà en surpoids. Il y a un équilibre à trouver pour le bien-être du foetus et pour celui de la mère. La crainte du corps qui change et du surplus de kilos est de plus en plus présente chez les futures mamans.»

Plutôt que de manger moins, il faut manger mieux, selon Sandra Badel. «L’alimentation influence la génétique avant et pendant la grossesse. Eliminer les éventuelles carences en fer ou en vitamines avant de tomber enceinte va permettre à la future maman de se sentir bien dans son rapport à la nourriture et d’assurer un meilleur développement du futur enfant. Si le corps est bien préparé nutritionnellement pour accueillir le foetus, la prise de kilos sera normale.» Malgré les risques induits, la mummyrexie n’est pour l’heure pas considérée comme un trouble alimentaire. «Il s’agit surtout d’un effet de mode, poursuit Sandra Badel. Les femmes qui ont toujours été minces veulent le rester après avoir donné naissance à leur enfant.» La tendance du moment veut que la femme active se glisse sans problème dans son tailleur dès son congé maternité terminé.

Surveiller son alimentation donne l’espoir de minimiser la prise de poids pendant et après la grossesse. Car les femmes savent bien que l’élimination des kilos superflus sera une bataille dure à gagner. «Encore plus que ma grossesse, mon congé maternité a été la période la plus difficile à traverser, se rappelle Nadia, la jeune mère genevoise. Je n’arrivais plus à prendre soin de moi ni à faire du sport. J’avais alors un très mauvais rapport à mon corps. Lorsque j’ai repris le travail, j’ai naturellement reperdu du poids sans pour autant retrouver ma silhouette d’antan. A présent, avec du recul, je me sens plus féminine depuis que je suis maman.»

Pression de plus en plus forte. Le phénomène de la mummyrexie rappelle une autre tendance qui a pris de l’ampleur ces dernières années: le recours à la césarienne de confort, qui permet d’éviter les altérations physiques liées à l’accouchement par voie basse. Il y a moins d’un an, un rapport de l’Office fédéral de la santé publique révélait que le nombre de césariennes avait fortement augmenté en Suisse (avec un taux de près de 33% en moyenne, qui place la Confédération dans le peloton de tête des pays de l’OCDE). Dans un contexte social d’intolérance au surpoids et d’obsession de l’apparence, les pressions se font de plus en plus fortes sur les futures mères.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.