De nombreux outils statistiques, souvent surprenants, permettent de prendre le pouls de l’activité économique, voire d’anticiper les crises. Florilège.
Taille des jupes, dépenses en caleçons, humeur des utilisateurs de Twitter ou encore construction de gratte-ciel: des corrélations inattendues ont été mises en lumière entre ces tendances et la croissance du PIB mondial. Des indices tentent, sur ces bases, de déterminer la bonne ou mauvaise santé de l’économie et de prédire l’arrivée possible de récessions. Ces baromètres atypiques ne sont pas réservés aux investisseurs loufoques: même Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale américaine, s’intéresse de près aux choix des hommes en matière de sous-vêtements, afin de suivre la conjoncture économique. Sélection des indices les plus étonnants.
The R-word index: le poids des mots
Le silence serait de mise quand la récession menace… «The Economist» a mené une étude révélant que les crises coïncident (voire s’intensifient) avec l’apparition récurrente du terme «récession» dans la presse. En 1981, en 1990 et en 2001, l’indice mesurant l’occurrence du mot dans le «Washington Post» et le «New York Times» a démontré que plus le terme était utilisé, plus le début d’une crise se faisait imminent.
Big Mac Index: l’indice des pouvoirs d’achat
Créé en 1986 par le magazine «The Economist», cet indicateur de parité de pouvoir d’achat (PPA) est utilisé pour mesurer l’inflation et la compétitivité des différents pays. Le Big Mac de McDonald’s constitue un outil de mesure idéal car sa composition est identique partout dans le monde, ce qui a permis à l’indice de devenir un excellent comparateur du cours des devises, indiquant la sous-évaluation ou la surévaluation d’une monnaie par rapport au dollar.
Men underwear index: un indice en coton
Boxer ou slip, le sous-vêtement masculin est un bien nécessaire dont la consommation varie peu… en temps normal. Mais lorsque la crise pointe son nez, les hommes tendent à rationner leur réserve de caleçons et restreignent cette dépense. Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale américaine, est connu pour surveiller les variations de l’indice afin de déterminer les périodes de récession. Plus les hommes mettent du temps à racheter des sous-vêtements, et plus la crise sera rude.
Google trend index: les tendances économiques dans les requêtes
Avec plus de 8 milliards de requêtes quotidiennes sur son moteur de recherche, Google a eu l’idée d’utiliser cette masse de données pour en dégager des tendances. Il en a tiré un indice capable de suivre et parfois de prédire l’oscillation des marchés à partir des termes entrés dans le moteur. En pratique, Google mesure le volume de requêtes relatives à un thème donné, par rapport au nombre total de recherches effectuées. Pour l’heure, l’indice ne prend en compte que les recherches effectuées sur la version américaine du site. L’outil est disponible en ligne et regroupe différents secteurs de l’économie, du marché de l’automobile à celui du luxe, en passant par l’immobilier ou le tourisme.
Twitter index: des gazouillis pour décrypter les marchés
Tweetez calmement si vous ne voulez pas effrayer les marchés! Johan Bollen, un chercheur de l’Université d’Indiana, a mesuré l’humeur générale des usagers de Twitter en se basant sur les mots utilisés sur le réseau social. A l’aide d’un algorithme regroupant plusieurs indices et connu sous le nom de Google-Profile of Mood States (GPOMS), il a classé ces mots selon six catégories d’humeurs: la jovialité, la gentillesse, la vigilance, l’assurance, la vitalité et la quiétude. Sur un échantillon de 9,7 millions de tweets postés entre mars et décembre 2008, il a réussi à trouver des corrélations entre les changements quotidiens dans les indices GPOMS et les fluctuations du Dow Jones Industrial Average. Les résultats sont surprenants. L’indice de quiétude a pu prédire où le Dow Average se situerait entre les deux et six jours suivants, avec une précision de 87,6%. Selon Bollen, ce n’est pas un mécanisme économique ou comportemental qui est à l’œuvre, mais les tweets calmes refléteraient simplement la confiance des investisseurs.
Skyscraper boom indicator: des gratte-ciel de mauvais augure
Un gratte-ciel qui s’élance et la crise économique surgit. C’est le postulat que l’Américain Andrew Lawrence, alors directeur de recherche chez Dresdner Kleinwort Wasserstein, a posé en 1999 en créant son indice. Soutenu par de multiples études, ce dernier démontre une concordance stupéfiante entre les fins de cycles économiques et la construction de gratte-ciel géants, qui seraient donc annonciateurs de récessions. Des gratte-ciel comme l’Empire State Building, le World Trade Center ou plus récemment le Burj Khalifa de Dubai ont tous été reliés à l’indice, leur érection ayant coïncidé avec des récessions dans les pays concernés. L’actuelle construction dans la ville chinoise de Changsha du building Sky City (future plus grande tour du monde avec 838 m), qui doit s’achever en juin de cette année, aurait-elle de quoi inquiéter les marchés?
Years of the dragon indicator: le dragon porte-bonheur
Le dragon est le signe le plus populaire du zodiac chinois. Il représente l’ambition et la réussite personnelle, mais aussi la promesse d’excellents rendements pour les investisseurs… Cette réalité surprenante tient au fait que de nombreuses personnes décident de se marier, d’acheter une maison ou d’avoir des enfants durant les années placées sous le signe du dragon. C’est pourquoi 1976, 1988, 2000 et 2012 ont coïncidé avec une embellie des marchés, particulièrement en Asie. Le Dow Jones Industrial Average enregistre une augmentation moyenne de 7,7% lors des années du dragon depuis 1900.
Hemlines Index: les jupes des filles, baromètres de la crise
Pour l’économiste George Taylor de la Wharton School, plus les jupes sont courtes mieux l’économie se porte. Cet étonnant constat, décrié par certains pour son manque de sérieux, a pourtant été confirmé par plusieurs études depuis sa création en 1926. La taille des jupes suivrait les fluctuations du marché, permettant d’effectuer des prédictions quant aux performances économiques de l’année à venir. L’indice se calcule en mesurant la longueur de la jupe comme pourcentage de la longueur entre le sol et la taille.
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Une version de cet article est parue dans le magazine Swissquote (no 1/2014).