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La Suisse qui bêle

Les chèvres de Gruyères seraient-elles le symbole d’un pays qui agace plus qu’il n’est entendu? Qui se gave de slogans mièvres et cède à tous les chantages, y compris ceux du terrorisme?

Des chèvres lumineuses… Et pourquoi pas des vaches phosphorescentes? Les biquettes de Gruyères défilant des leds attachés aux cornes le 1er août seraient-elles le symbole d’une Suisse qui dorénavant bêle plus qu’elle ne parle? Qui agace plus qu’elle n’est entendue? A l’image du président Burkhalter quémandant à Bruxelles un peu de compréhension sur la libre-circulation. Au nom de quoi? Bèèèh.

Les loups hurlent-ils avec les loups? Les jeunes UDC crachent-ils leur crainte que le nouvel hymne national prévu pour 2015 profite de cette mue pour mettre Dieu et les paysages, autrement dit la prunelle de nos yeux, par dessus bord? La SSUP (Société suisse d’utilité publique), chargée de recueillir et d’examiner les projets de nouvelle version, ne répond pas. Elle bêle: «Le futur hymne national s’appuiera sur le texte du préambule de la Constitution fédérale suisse, en vigueur depuis 1999 et qui évoque des valeurs telles que la démocratie, la diversité, la liberté, la paix et la solidarité». Sur nos monts quand les bisounours…

Pour trancher une si vaine question, un nouvel hymne ou pas, Dieu ou le Diable, la Montagne ou la Mer, autant s’en référer à un vieux sage. Ou plutôt à une vieille sage, même si, allez savoir pourquoi, cela ne se dit pas. Dans une chronique pour l’agence Protestinfo, l’inoxydable Suzette Sandoz se demande d’abord à quoi peu bien servir un hymne national «de nos jours». Et répond tranquillement: «aux manifestations sportives olympiques.»

La question de paroles devenues trop surannées pour que les jeunes générations les entonnent encore — motif souvent mis en avant pour un coup de torchon purificateur — prend subitement une autre tournure. «Peu importe que les champions en sachent les paroles ou non, de toute manière, à quelques exceptions près, nombreux sont ceux qui, comme leurs fans, ne pratiquent que le patriotisme de pacotille ou le chauvinisme bêtifiant qui marque le sport international.» Fin du débat.

A ce propos, il en faudra de la pacotille, il en faudra de la bêtise, pour saluer avec patriotisme et chauvinisme les révélations du New York Times insinuant que la Suisse aurait versé 11 millions de dollars à Al-Qaida pour la libération d’otages. Berne évidemment dément, avec la même virulence que tous les autres pays ayant aussi craché au bassinet et alimenté en millions trébuchants les fou d’Allah.

On comprend bien que les chancelleries démentent. Quelles belles raisons invoquer en effet pour justifier qu’un Etat cède à la violence et au chantage terroristes? Si l’on excepte bien sûr la veule volonté de complaire à l’opinion publique et aux médias. Quelles raisons de mettre en danger des milliers de vies pour en sauver une ou deux? Sinon la pusillanimité. Sinon la perte du sens et des missions de l’Etat.

La mission d’un Etat n’est-elle pas d’assurer la sécurité de la population dans son ensemble? Et pas de veiller sur le sort de ceux qui oeuvrent dans l’humanitaire en terrain hostile, avec un courage immense mais à leurs risques et périls et en pleine connaissance de cause. Encore moins de voler au secours d’une poignée de touristes de l’extrême, comme dans le cas des otages suisses.

A moins de vouloir en arriver à cette aberration décrite par la Tribune de Genève: «Ce sont les gouvernements européens qui financent Al Qaeda.» A une exception près, le gouvernement britannique qui, lui, ne verse rien aux terroristes, par principe. Au point qu’un citoyen britannique tombé aux mains des djihadistes peut considérer que son passeport équivaut «à un certificat de décès».

D’ordinaire plus inspiré, le conseiller national radical Christian Lüscher s’agace des reproches adressés à la Suisse: «Pour une fois on pourrait faire confiance à nos autorités et pas à un journal américain.» Même si ce journal est le meilleur du monde, tout américain qu’il soit. En attendant la caravane d’Al-Qaida passe et les chèvres font ce qu’elles savent le mieux faire: elles bêlent, elles payent.