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Jardinier des villes

Le Britannique John Tebbs s’est imposé en quelques mois comme la nouvelle idole des citadins férus de jardinage. Grâce à son approche locale et à son site pointu: The Garden Edit. Portrait d’un passionné.

Le soleil brille sur Londres. Et pourtant John Tebbs ne se trouve pas parmi les plantes, dans l’un des nombreux jardins qu’il entretient pour des clients, mais à la maison. Le jardinier se prépare à un shooting pour un magazine italien. «Je ne suis allé dans aucun espace vert aujourd’hui, alors qu’avoir les mains plongées dans la terre demeure ma principale source d’inspiration. Il faut dire que ma petite entreprise m’occupe de plus en plus.»

Modeste, le jeune homme de 35 ans n’ose pas se vanter de sa fulgurante ascension dans le monde du jardinage. Il est devenu la star des médias anglais et internationaux depuis la naissance de son site web The Garden Edit, il y a neuf mois. Il l’a conçu lors d’un hiver particulièrement enneigé et sombre, qui l’empêchait de sortir travailler. «Je passais beaucoup de temps sur internet et j’ai remarqué qu’il existait de nombreux sites de vente avec une sélection d’habits ou de meubles. Mais je n’ai rien trouvé de similaire pour les jardins, du moins aucune offre dirigée vers une population jeune et urbaine.»

La collection d’objets disponible sur The Garden Edit se différencie alors par un élégant arrosoir du designer Bauhaus Carl Auböck ou encore par des pots en céramique rugueux de l’Américaine Pilar Wiley. Elle compte aussi pelles, livres ou mangeoires pour oiseaux. «John Tebbs possède un regard aiguisé pour repérer des objets fonctionnels mais beaux», décrit Jessica MacCormick, une photographe néozélandaise qui collabore régulièrement avec le jardinier. Son sens de l’esthétique a réussi à dépoussiérer un hobby longtemps considéré comme ringard, et séduit toujours davantage les jardiniers amateurs, particulièrement les citadins. «Il fait partie d’un mouvement culturel, analyse Jessica MacCormick. La société contemporaine est à la recherche de plaisirs simples et désire remettre un peu de nature dans les maisons.»

«Je me suis toujours intéressé au design, précise John Tebbs. J’ai d’ailleurs étudié l’histoire de l’art et l’architecture durant trois ans avant de me tourner vers le jardinage.» Son approche trouve aussi son influence dans l’Angleterre rurale et la petite ville d’Ashbyde-la-Zouch, au nord de Birmingham, où il a grandi tout en aidant son père dans le potager familial. «Les gens m’imaginent comme un grand designer ou paysagiste, une étiquette dans laquelle je ne me reconnais pas. Mon style consiste plutôt à laisser le jardin à l’état libre, en me servant d’une palette de plantes de la campagne anglaise.»

M, le magazine du quotidien français Le Monde, l’a mandaté au mois de juin dernier pour produire une page hebdomadaire sur le jardinage. John Tebbs s’enthousiasme pour le projet, dans lequel il voit un moyen de partager sa passion. Il y fait l’éloge de ses plantes préférées et des tendances saisonnières. Plutôt que de mettre en vitrine ses goûts personnels, son site et sa page hebdomadaire représentent à ses yeux une manière de tisser des liens avec d’autres amoureux des espaces verts. Il voyage autour du monde pour rassembler les histoires des jardins qui l’inspirent le plus, des textes accompagnés de photos qu’il publie sur The Garden Edit. «J’apprécie de rencontrer des gens de tous horizons, pour qui le jardin prend des significations différentes.»

Pour les années à venir, John Tebbs songe à l’ouverture d’un magasin «dans le monde réel». Mais pas de précipitation: il se laisse pour l’instant porter par sa nouvelle notoriété et les multiples sollicitations. «Mon agenda ne me permet plus de jardiner comme auparavant. Je sais que cela changera à l’avenir. D’autant que passer du temps au milieu des plantes m’est tout simplement indispensable.» Son succès prouve qu’il n’est pas le seul.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.