LATITUDES

Savannah, le félin domestique

Née aux Etats-Unis, cette nouvelle race de chats hybrides séduit de plus en plus de foyers suisses. Explications.

«Ils sont élancés, ils ont une petite tête, de grandes oreilles et la robe tachetée comme le félin dont ils sont issus, le serval. Vous verrez par vous-même, ils sont encore plus beaux en vrai!» Le rendez-vous est pris à Sion, dans la petite chatterie de savannah ouverte depuis un an par Céline Garin et Justine Aymon. Les deux jeunes femmes de 27 ans sont tombées amoureuses de cette nouvelle race hybride il y a trois ans.

«Nous avons craqué pour sa beauté, mais surtout pour son caractère. Et nous avons rapidement voulu partager notre passion.» Plus grand chat domestique au monde selon le Livre des records, le savannah peut mesurer jusqu’à 60 cm au garrot, soit près de deux fois la taille d’un chat domestique «classique», et peser entre 7 et 14 kg à l’âge adulte.

Entre chien et chat

Né aux Etats-Unis en 1986 du croisement entre un chat sauvage venu d’Afrique, le serval, et un chat domestique (la légende parle d’un siamois), le savannah est souvent décrit comme intelligent et très doux. «Il est un bon compromis entre un chien et un chat: notre mâle Gibbs, par exemple, cherche le jeu, gratte à la porte, ramène les jouets qu’on lui lance, vous suit un peu partout… et, au contraire des autres chats domestiques, il aime bien l’eau», raconte l’éleveuse.

Le félin aux couleurs argent et blanc, qu’il vaut mieux tenir en laisse, revêt les traits caractéristiques de son ancêtre. Seule sa force combattante semble fragile. Céline Garin admet qu’il faut lui accorder une attention particulière: «Si un savannah tombe malade, il s’isolera et perdra vite du poids. La rapidité de prise en charge est donc essentielle pour sa survie.»

L’attirance pour cette jeune race a un coût. Céline Garin et Justine Aymon ont acheté leurs chats en France pour 4000 euros. Et vendent cependant les chatons à des prix moins élevés, entre 1800 et 3200 francs.

«La valeur d’un savannah se mesure par son degré de ressemblance au serval. Plus il y ressemble, en termes de robe et de gabarit, plus le montant grimpe, explique le Lucernois Pascal Gilli, premier éleveur de savannah en Suisse, qui en possède plus de dix-huit. Et si le chat est destiné à la reproduction, le montant peut s’élever à plus de 25’000 francs.»

Bengal et caracat

La loi suisse est très stricte vis-à-vis des savannah. «Leur détention est soumise à une autorisation cantonale, rappelle Nathalie Rochat, porte-parole de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). Seuls les savannah qui n’ont pas d’ancêtre sauvage dans les trois générations qui les précèdent sont considérés comme animaux de compagnie et ne demandent pas d’autorisation de détention. Pour l’élevage, l’autorisation cantonale est dans tous les cas obligatoire.»

Cette norme vaut aussi pour les autres chats hybrides devenus populaires en Suisse, tels que l’ocicat, le bengal (chat-léopard), le caracat ou encore le chausie, tous arborant les couleurs et pelages de chats sauvages d’Afrique ou d’Asie.

Dennis C. Turner, éthologue, spécialiste des chats et chargé d’enseignement à l’Université de Zurich, note un intérêt grandissant pour ces chats exotiques en Suisse et en Suisse romande: «Les gens recherchent un chat qui ressemble à un félin et qui se laisse tout de même caresser. Les petites taches noires que le savannah tient du chat sauvage sont très appréciées.»

Le spécialiste remarque toutefois que celles-ci s’estompent de génération en génération. Pas de quoi freiner l’engouement des futurs propriétaires: la liste d’attente s’allonge pour la chatterie valaisanne. Pour l’instant, elle est la seule reconnue en Suisse romande, mais Céline Garin est sûre que «les chatteries de savannah ne tarderont pas à se développer dans les années à venir».
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.