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Des vacances à volonté

Permettre aux employés de prendre autant de jours de congé qu’ils le souhaitent? La pratique se répand, des start-up aux multinationales.

Quatre semaines, point final. La loi suisse définit ainsi la durée du congé annuel des employés, à quelques rares exceptions près. Chaque année, les collaborateurs planifient leurs vacances, calculent le nombre de jours restant, rattrapent le solde non pris…

La gestion de ces absences impose une logistique rigoureuse aux entreprises. Voire même ringarde, à en croire la tendance en provenance des Etats-Unis qui consiste à ne plus comptabiliser les jours de congé des employés. Ces derniers sont libres de prendre autant de vacances qu’ils le souhaitent durant l’année. Sans pour autant renoncer à leur salaire, puisque ces jours d’absence sont payés.

Des entreprises comme Twitter, Netflix ou encore la société de jeux online Zynga ont été les premières à adopter ce mode de fonctionnement, suivies ensuite par d’autres. Récemment, Richard Branson, fondateur et CEO de Virgin, révélait dans son blog permettre aux salariés de s’absenter autant qu’ils le souhaitent, sans avoir à demander une autorisation préalable à leur supérieur hiérarchique. Testée dans un premier temps au sein de la holding qui supervise l’ensemble du groupe et dans la filiale américaine, cette approche sera appliquée à l’ensemble de la multinationale si elle s’avère positive.

Horaires à la carte

«Cette pratique reflète un management visant à donner de l’autonomie et à responsabiliser les collaborateurs, analyse Erwan Bellard, l’un des responsables pédagogiques du MAS Gestion des ressources humaines et carrières à l’UNIGE. Avec elle, l’organisation du temps de travail se fait sous forme de projet à accomplir plutôt que d’horaires plus ou moins fixes.»

Une approche que Ricardo Semler, chef d’entreprise de la société industrielle brésilienne Semco, pousse à l’extrême. Convaincu que l’autorité hiérarchique infantilise, que les règles empêchent la réactivité et que la performance naît d’un bon équilibre de vie, il laisse ses employés définir leurs salaires, organiser leurs horaires et gérer leur emploi du temps librement.

«De nombreuses études démontrent que les entreprises enregistrant de très bonnes performances ont des pratiques RH basées sur l’engagement plus que sur le contrôle», relève Erwan Bellard, également formateur dans le domaine des ressources humaines. Elles tendent aussi à favoriser l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, à l’image de Google, qui propose à ses équipes de consacrer 20% de leur temps de travail à des projets personnels. D’autres créent des offres pour faciliter la vie et favoriser le bien-être de leurs employés: spas, salles de fitness ou encore crèches au sein même des lieux de travail.

Il n’existe pas encore d’entreprises ayant fait le pas en Suisse romande, selon le consultant. Mais la start-up lausannoise de vente en ligne Qoqa avance dans cette direction. «Je trouve le concept de vacances illimitées excellent, dit Pascal Meyer, son fondateur. Si un employé parvient à atteindre ses objectifs tout en prenant trois mois de congé, c’est tant mieux.»

A défaut de pouvoir l’appliquer, puisque la logistique Qoqa nécessite des forces toujours présentes, il se dit à l’écoute des besoins de son équipe. Il octroie par exemple deux semaines supplémentaires de vacances payées à l’un de ses employés qui gère en parallèle un domaine viticole. «Du moment que les gens se montrent corrects et parviennent à organiser leur emploi du temps de manière autonome, j’essaie d’être le plus flexible et arrangeant possible», indique-t-il.

Effets pervers

Faire fonctionner l’approche des vacances illimitées nécessite en effet que l’ensemble des pratiques RH de l’entreprise soient cohérentes avec l’autonomie des employés et la confiance de l’employeur. «Cela ne sert à rien de miser sur ce concept uniquement pour attirer des cadres, sans réfléchir aux conditions qu’il impose. En réalité, une telle initiative peut essentiellement trouver un écho dans des entreprises qui privilégient des objectifs à atteindre, les performances globales des employés et les résultats plutôt que les compétences dans un cadre donné et un certain nombre d’heures effectuées chaque semaine», détaille Erwan Bellard.

Néanmoins, l’approche basée sur la confiance peut avoir des effets pervers. «Il existe des mécanismes de contrôle entre pairs. En abolissant les règles, les individus entre eux s’imposent des normes parfois plus sévères. Certains ne profiteront pas de leurs vacances par peur d’être mis à l’écart ou sanctionné», conclut le spécialiste.