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Acheter les mêmes lunettes de soleil que 007

L’application The Take identifie les tenues portées dans les films et propose de les acheter directement en ligne. Elle se positionne comme le Shazam du cinéma.

La chemise blanche d’Uma Thurman dans «Pulp Fiction», le pantalon taille haute de Joaquin Phoenix dans «Her» ou encore les lunettes de soleil de Daniel Craig dans le dernier 007… L’application pour smartphone The Take repère les vêtements et les accessoires portés par les acteurs dans les films et propose de les acquérir en direct via des sites de vente en ligne partenaires.

En 2010, alors étudiant de l’Université Columbia à New York, Tyler Cooper est frappé par le flamboyant costume rouge porté par Kanye West dans une émission. Pour en connaître la marque et l’origine, il se lance dans des recherches en ligne. Sans succès. Il imagine alors une application qui serait capable de fournir cette information en un clic, s’associe avec deux de ses collègues étudiants et fonde la start-up The Take en 2013.

«The Take est le Shazam et le Pinterest du cinéma», estimait Tyler Cooper l’année dernière dans le journal en ligne américain «International Business Times» (IBT). Sa technologie se base sur la reconnaissance vocale. Pendant le visionnage d’un film, si l’on met en route l’application, celle-ci repère la scène en question, y épingle divers objets et indique à l’utilisateur où acheter l’article original, ou un autre quasiment identique à prix réduit. En plus des habits et accessoires, The Take reconnaît aussi le mobilier et les lieux dans lesquels évoluent les personnages.

Actuellement, les produits et emplacements de près de 200 films en version originale – anciens comme récents, mais principalement des blockbusters – sont répertoriés dans la base de données de The Take. «Nous indexons en moyenne dix nouveaux films par semaine», révélait encore Tyler Cooper à l’IBT. L’application surfe ouvertement sur le phénomène du placement de produits, dont le cinéma use de plus en plus, transformant certains films en immenses publicités pour des marques horlogères ou de soda, par exemple.

Mais The Take s’inscrit dans une tendance encore plus globale, celle du «second screen marketing», estime Jérémy Coxet, expert en stratégie digitale et directeur associé de l’agence de communication digitale Vanksen, qui possède des bureaux en France, en Suisse et au Luxembourg. «La télévision ou les films ne se consomment plus de manière isolée. Ils deviennent des médias secondaires. On les regarde en faisant autre chose, et le plus souvent en utilisant un second écran comme son smartphone, sa tablette ou son ordinateur.» Une étude menée par l’agence de communication française Apacom révélait récemment que le nombre moyens d’écrans par foyer en France était passé de 4,1 en 2005 à 6,4 en 2014.

«La force d’une application comme The Take réside dans le fait qu’elle apporte au simple visionnage d’un film une expérience enrichie et interactive, ce que recherchent toujours davantage de spectateurs, poursuit Jérémy Coxet. Leur activité annexe avec un autre écran est souvent en lien avec ce qu’ils regardent, à coup de hashtag et de réactions en direct par exemple.» D’après les chiffres du portail international de statistique Statista, aux Etats-Unis, 21% des personnes qui utilisent un second écran recherchent des informations sur les produits qu’ils voient sur le premier, 17% se renseignent sur l’émission qu’ils regardent et 10% font du shopping en ligne. Près de la moitié surfe sur les réseaux sociaux.

La start-up propose gratuitement son application et génère ses revenus grâce à la publicité. A l’heure où les achats via téléphone mobile sont en pleine expansion, The Take ouvre de nouvelles perspectives lucratives pour les marques et sponsors du cinéma qui pourront désormais convertir leurs placements de produits en achat direct. A l’avenir, Tyler Cooper projette d’étendre sa technologie aux séries et émissions TV.
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Une version de cet article est parue dans le magazine L’Hebdo.