TECHNOPHILE

Chérie, j’ai rétréci les ordures

Depuis l’entrée en vigueur de la taxe au sac, chacun y va de sa combine pour diminuer le volume de ses déchets. Flairant la bonne affaire, deux entrepreneurs vaudois lancent un mini-compacteur de déchets domestiques.

Rarement question sanitaire n’avait autant échauffé les esprits. Pas un canton où le problème du traitement des déchets ne soulève le débat. Alors que les deux derniers résistants, le Valais romand et Genève, revoient leur calendrier ou sont sommés de justifier leur laisser-faire, les Vaudois jouent désormais largement le jeu. Au 1er janvier 2014, un an après l’entrée en vigueur de la taxe, on comptait jusqu’à 40% de déchets récoltés en moins dans le canton.

Une majorité des communes vaudoises a opté pour la taxe au sac. Une obole qui peut peser lourd dans le budget de certains ménages. La situation a inspiré deux entrepreneurs de la place. L’un est un ancien banquier, l’autre ingénieur à l’EPFL. Leur idée? Développer un engin capable de diviser par trois le volume des déchets, de manière à limiter la consommation de sacs poubelle surtaxés, l’encombrement à la maison et les allers-retours à la déchetterie.

«Notre système est bien plus qu’un simple compacteur de déchets, assure Alexandre Traber, le porteur du projet. Il s’agit d’une mini centrale de tri qui permet de gérer non seulement les déchets ménagers, mais aussi tous les autres rebuts recyclables: bouteilles PET, canettes en aluminium, boîtes de conserve, carton…». Nommé «e-crush», l’engin comporte par ailleurs un compartiment ad hoc pour stocker les piles usagées et le compost.

Lancement d’une première série

Conçu pour fonctionner de manière totalement autonome, il est doté d’un bras de levier qu’on actionne en appliquant une charge équivalente à «cinq fois son poids», selon Jean-Christophe Jaques, l’ingénieur qui l’a mis au point. D’après lui, on réduirait ainsi 60 litres de déchets en seulement 17 litres. Adieu la sangle que l’on attache autour de sa poubelle pendant la nuit ou le parpaing qu’on y dépose dans l’espoir de gagner quelques centimètres cubes.

Ce n’est pas la première fois qu’un compacteur de déchets ménagers est mis sur le marché. En janvier 2014, le magazine «Bon à savoir» avait testé deux modèles, le Press Buddy et le Pressboy. Aucun des deux produits n’avait convaincu les auteurs de l’enquête. Selon eux, on n’économisait au final qu’un sac sur sept.

Avant de se lancer, les deux fondateurs de Waste Allocation Systems ont cependant bien étudié la question. «Il existe des systèmes de compactage, mais sans multiplication des efforts, ce qui est aussi efficace que de vouloir écraser un sac avec le pied, remarque Alexandre Traber. Et leur forme n’est généralement pas adéquate. On trouve aussi des systèmes manuels efficaces, mais destinés à un usage unique, soit pour les bouteilles en plastique, soit pour les canettes, et le plus souvent pour une seule à la fois. Quant aux solutions électriques, elles coûtent cher, ne sont pas adaptées aux sacs uniformisés et s’avèrent très encombrantes.»

Alexandre Traber et Jean-Christophe Jaques sont tous deux convaincus que leur invention peut se faire une place dans les foyers romands. Ils ne sont visiblement pas les seuls. Leur campagne de financement participatif sur la plateforme Wemakeit vient de se conclure par un joli succès, avec plus de 26’000 francs récoltés, alors qu’ils n’en demandaient que 20’000. Une première série de compacteurs va ainsi pouvoir être développée, pour un lancement sur le marché prévu d’ici la fin de l’année.
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Une version de cet article est parue dans le magazine L’Hebdo.