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Mobetool, le scooter électrique imaginé à Lausanne

L’entrepreneur Jacques Hess s’est inspiré de la Chine pour créer un scooter électrique de petite taille vendu moins de 2000 francs. Alors que le e-scooter peine à susciter l’engouement des Suisses, ce nouveau produit parviendra-t-il à s’imposer?

Un nouveau véhicule électrique suisse a discrètement fait son apparition sur le marché. Lancé par l’entreprise spécialisée dans les technologies solaires GTS, basée à Prilly, le scooter Mobetool se démarque des autres produits du secteur, notamment par son prix de vente fixé à 1950 francs. «Notre ambition est de proposer une solution à la fois écologique et économique», souligne Jacques Hess, le directeur de GTS. Dans les locaux de la PME de 11 employés, le e-scooter vert et blanc frappe en premier lieu par sa taille réduite et un petit côté presque gadget. «Mobetool pèse 85 kilos. Il est plus léger et plus étroit qu’un scooter habituel, ce qui le rend aussi plus maniable. Tout est optimisé, avec peu de pièces et peu de mécanique. Cela permet de réduire l’empreinte écologique au maximum.» Sa vitesse est limitée à 45 km/h. Un «plein» (sur une prise normale en sept à huit heures) coûte 16 centimes et offre une autonomie de 60 kilomètres.

L’idée de Mobetool est née à la fin des années 2000. Jacques Hess se rend alors régulièrement en Chine pour son travail. «Le pays a longtemps fait figure de royaume du vélo. Mais depuis quelques années, le scooter électrique est partout. J’y ai vu une solution d’avenir.» En 2011, l’ingénieur décide d’importer le concept en Suisse. Il s’embarque alors dans une aventure de longue haleine qui débute par la recherche d’un deux-roues chinois existant à commercialiser sur le marché helvétique et la visite de nombreuses entreprises locales. Son chef de projet sur place finit par dénicher un fabricant à Ningbo, près de Shanghai. L’entreprise, numéro un dans la localité où elle vend plus de 2000 véhicules par mois, jouit d’une bonne réputation. «Trouver une société chinoise dont l’organisation, le travail et la qualité correspondait à nos attentes a représenté un vrai défi. Le patron, proche de la retraite, ne recherchait pas le profit à tout prix et était enthousiaste à l’idée de vendre ses produits hors de Chine.»

Longues adaptations

Une fois le bon partenaire identifié, Jacques Hess doit toutefois se rendre à l’évidence: les petits e-scooters comme on en voit par milliers dans les rues de Chine ne peuvent être vendus tels quels en Suisse. «Le modèle le plus puissant de l’entreprise de Ningbo disposait d’un moteur de 900 watts, parfait pour les villes chinoises très plates, mais impensable en Suisse.» Commence alors un important travail d’ajustement du produit. La mise au point d’un nouveau moteur de 2300 watts entraîne l’adaptation d’autres composants, comme le rotor, la batterie, le châssis ou encore le système électronique. Le développement du véhicule, qui se déroule en Chine, nécessite deux ans de travail et 400’000 francs d’investissement. A ce processus s’ajoutent les démarches d’homologation pour que le deux-roues puisse être vendu en Europe, notamment la certification ISO 9000 de l’usine chinoise.

Depuis juin 2014, Mobetool est disponible en Suisse. Les véhicules sont fabriqués et préassemblés en Chine avant d’arriver à Lausanne, où a lieu le montage. Jusqu’ici, GTS a vendu une quarantaine de ses e-scooters. «Toute l’aventure est autofinancée, explique Jacques Hess. Au moment de la commercialisation, nous devions impérativement renflouer les caisses de GTS, qui a toujours continué de miser sur le solaire. Aujourd’hui, nous nous concentrons sur ce secteur. Faute de ressources, Mobetool reste pour l’instant une activité secondaire qui fonctionne essentiellement grâce au bouche-à-oreille.»

Marché timide

Il faut dire que, contrairement au vélo électrique, le e-scooter peine à s’imposer sur le marché suisse. Selon un rapport publié en 2015 par SuisseEnergie, la plateforme de l’Office fédéral de l’énergie, sur les 47’730 scooters (deux et trois roues) nouvellement immatriculés en 2014, seuls 1842 fonctionnaient à l’électricité, soit une part de marché de 3,9%. Autre particularité helvétique, ces chiffres sont largement influencés par la Poste, qui a entrepris de remplacer sa flotte de 7500 scooters à essence par des scooters électriques d’ici à fin 2016. «Sans prendre en compte ceux de la Poste, nous estimons qu’environ 3000 scooters électriques sont en circulation en Suisse, indique Bernhard Schneider, porte-parole du programme NewRide, qui soutient l’introduction des deux-roues électriques sur le marché suisse. Nous constatons aussi un recul des ventes depuis 2010.»

Les raisons de ce désintérêt des consommateurs? «Les marques étrangères ne sont pas parvenues à s’implanter avec des structures de ventes et de maintenance suffisamment convaincantes, analyse Bernhard Schneider. Certaines se sont même retirées du marché.» Les scooters électriques souffrent aussi de la concurrence des vélos électriques puissants, et de leur prix, en moyenne plus élevé que celui des scooters à essence. «Cela dissuade les acheteurs, même si l’usage et l’entretien est bien moins coûteux que pour les véhicules thermiques.» Mais le spécialiste s’attend à une évolution positive de la situation, notamment sous l’impulsion de nouvelles prescriptions sur les gaz d’échappement. «Je pense que les entreprises seront les premières à opter pour cette solution, car elles calculent différemment que les particuliers.» Outre GTS, une poignée de sociétés suisses produit des e-scooters, notamment VonRoll, Kyburz et Etrix.

Dans ce contexte, quel avenir pour Mobetool? Jacques Hess se montre confiant. Son produit a figuré sur la plateforme de lancement Pepsee l’été dernier, où il a rencontré un joli succès. Il a également éveillé l’intérêt de l’entreprise biennoise Intermobility et de la Haute Ecole Arc, et continue de recevoir des demandes spontanées de particuliers. «Nous avons aussi deux partenaires qui ambitionnent de commercialiser Mobetool à l’étranger, aux Philippines et en Angola. Pour ce second projet, l’objectif est de vendre 200 scooters au cours du premier semestre 2016.»
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Une version de cet article est parue dans PME Magazine.