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Entreprises: les recettes qui fonctionnent ailleurs

Hôtels-itinérants, drone-vertising et café-laverie: voilà trois exemples de concepts innovants qui ne sont pas encore apparus en Suisse. Second volet des «30 idées business qui cartonnent à l’étranger».

Ça y est, c’est décidé: en 2016, vous lancez votre propre société! Il est vrai que la Suisse est une terre fertile en la matière. D’après les dernières données publiées par l’Office fédéral de la statistique, le nombre d’entreprises créées dans le pays n’a jamais été aussi élevé. Plus de 12’240 en 2013, un chiffre en augmentation constante au cours des dernières années et qui promet de croître encore à l’avenir.

Chaque réussite entrepreneuriale repose sur une bonne idée, mais l’offre imaginée doit aussi correspondre à un besoin sur le marché et apporter une vraie plus-value aux clients. Pour autant, plutôt que de se creuser la tête pour inventer un concept de toutes pièces, pourquoi ne pas s’inspirer des idées qui cartonnent à l’étranger?

Commentées par des experts romands, chacune des idée de business sélectionnées pour ce dossier s’accompagne d’une fiche qui évalue son potentiel de réplicabilité en Suisse, l’investissement de départ nécessaire et son potentiel de rentabilité. Maintenant, à vous de jouer…

HOTELLERIE ET TOURISME

Un hôtel éco-responsable aux services modulables
Lancée en 2014, la nouvelle marque hôtelière Nomad Hotels compte déjà deux établissements en France. Leur particularité: ils ont été construits avec un objectif de réduction de leur empreinte écologique, notamment par le choix des matériaux, l’utilisation de panneaux solaires ou encore l’installation d’un dispositif de récupération et de traitement de l’eau de pluie. Le concept va encore plus loin et intègre les hôtes dans cette démarche environnementale: lors de la réservation, la chambre est affichée avec son prix maximal, puis l’utilisateur peut abaisser son coût en sélectionnant le type d’éclairage souhaité (économique ou non), s’il désire avoir une télévision, couper l’air conditionné ou encore ne pas faire laver son linge tous les jours.

Nomad Hotels enregistre un taux de 70% d’occupation pour l’année 2014. Roland Schegg, professeur à la Haute école gestion & tourisme de la HES-SO Valais-Wallis, souligne la tendance forte de l’écotourisme en Suisse. «C’est un sujet phare pour le tourisme suisse depuis quelques temps déjà. La personnalisation des services en est un autre; il répond à une demande croissante de la part des clients. Le plus compliqué reste la logistique implémentée dans l’institution et la construction d’outils appropriés (une application sur tablette en chambre par exemple) pour prendre en compte tous les besoins des clients.»

Facilité à répliquer en Suisse: **
Investissement de départ: ***
Potentiel de croissance: **

Faire son shopping depuis sa chambre d’hôtel
L’idée séduira la clientèle d’affaires qui n’a que peu de temps pour faire du shopping lorsqu’il se déplace, ou les couples qui désirent retrouver le même confort chez eux que celui expérimenté en chambre. La marque de vêtements française Pimkie a développé le concept de minifashionbar pour les clientes de l’hôtel et a remplacé le mini-bar par un «bar à habits» pour femmes dont les pièces sont sélectionnées selon la météo, la ville de séjour et les évènements qui s’y déroulent.

La chaîne d’hôtels Westin est même allée plus loin en proposant à ses hôtes d’acheter le mobilier de la chambre, du matelas à la table de chevet. «Utiliser la chambre comme une «display room», une vitrine pour la vente des produits de l’hôtel ou d’une marque partenaire: ce concept a de l’intérêt aussi en Suisse, s’il est pensé en adéquation avec les besoins du clients, explique Frédéric Delley, de l’EHL. On peut imaginer des coffrets souvenirs à acheter dans les chambres pour les clients d’affaires, des produits d’artisans locaux qu’il ne retrouvera pas à l’aéroport!» Ces différentes déclinaisons plaisent en tout cas déjà à l’international. Le minifashionbar a déjà pu installer ses dressings dans quelques hôtels de Paris, Anvers et Bruxelles.

Facilité à répliquer en Suisse: **
Investissement de départ: *
Potentiel de croissance: **

Une visite guidée au pas de course
Parcourir une grande capitale, ses parcs et ses monuments emblématiques en courant? L’idée du Sightjogging, alliant tourisme et fitness, émane d’une entreprise de guide touristique italienne active depuis plusieurs années à Rome. Elle propose une visite guidée sportive de la capitale à 70 euros l’heure (pour une personne seule), et destinée aussi bien à des groupes d’amis ou les employés d’une petite entreprise. L’activité, ludique, fleurit dans toute l’Europe. «En Suisse, Zurich tourisme a démarré une opération similaire», indique Roland Schegg, enseignant à la Haute école de gestion et de tourisme du Valais (HEVS). Mais ailleurs, en Suisse romande notamment, le spécialiste n’a pas observé d’entreprise qui se soit encore imposée sur ce créneau.

«Toute innovation dans la manière de proposer la visite d’une ville est bonne à expérimenter dans le domaine du tourisme. La Suisse en a besoin. Le golf urbain, les chasses aux trésor et l’urban gaming sont arrivés ici il y a peu de temps, mais fonctionnent bien, selon le type de clientèle.» Dans ce genre d’affaires, l’investissement n’est pas conséquent, sauf en premier lieu pour lancer la plateforme internet pour gérer les réservations. «Il faudra aussi privilégier naturellement l’été ou décliner l’activité autrement durant l’hiver, et se positionner sur les grandes villes.»

Facilité à répliquer en Suisse: ***
Investissement de départ: *
Potentiel de croissance: **

Une plateforme pour des objets haut de gamme
Louer la demeure, le château ou l’appartement luxueux d’un particulier? L’entreprise Onefinestay a su décliner le concept d’Airbnb pour une classe prestigieuse depuis 2010, d’abord à Londres puis Paris, New York et Los Angeles avec des services haut-de-gamme. Le propriétaire qui aimerait louer sa villa peut partir tranquille, toute sa literie sera remplacée par celle de la société, ainsi que les produits de toilette. Et le chanceux locataire se verra remettre les clés ainsi qu’un iPhone pour ses communications sur place, configuré avec un guide de l’habitation et des conseils pour profiter de son pied-à-terre temporaire et de ses alentours. Les villas sont sélectionnées et visitées par Onefinestay selon plusieurs critères (emplacement, espace intérieur, vue et confort).

«En Suisse, le concept a ses chances, mais les entrepreneurs devront surmonter la première barrière d’entrée, qui est de convaincre les gens à louer leur appartement de luxe quand ils sont à l’étranger, mais ensuite la marge sera intéressante», ajoute Roland Schegg, de la HEVS. Le choix de bons partenaires dès le départ facilitera les choses — Onefinestay est soutenu par American Express et la grande agence de tourisme de luxe Virtuoso. Il serait par ailleurs avisé de prévoir une internationalisation dès le lancement du projet, le marché suisse restant limité.

Facilité à répliquer en Suisse: **
Investissement de départ: **
Potentiel de croissance: **

Un pop-up hôtel itinérant
Aménager un container en chambre d’hôtel de 18m2 confortable, fonctionnelle et qui se déplace un peu partout, selon les désirs du futur client: le concept Scandic To Go de la chaîne Scandic Hotels rencontre un vif succès dans les pays scandinaves. Les clients envoient leur choix d’emplacement (sur une plage près de la mer, au milieu d’une place du centre-ville de Stockholm) et l’équipe suédoise fait son possible pour concrétiser leur demande.

L’entreprise britannique Snoozebox a quant à elle adapté le concept sous forme de pop-up hôtel (hôtel temporaire) qui s’installe près de différents lieux de congrès ou de grands évènements festifs. Une idée originale à répliquer en Suisse, où les nombreux festivals présentent autant d’opportunités de partenariats. «L’hôtel éphémère aurait beaucoup de potentiel ici, remarque Frédéric Delley, professeur d’entreprenariat à l’EHL. On pourrait imaginer un complexe facilement transportable pour les festivaliers qui se rendent à Avenches par exemple, puis sur d’autres lieux loin des villes et qui ne peuvent pas accueillir autant d’hôtes que de visiteurs. Il faudra néanmoins bien étudier les normes et autorisations en vigueur dans la région convoitée.»

Facilité à répliquer en Suisse: **
Investissement de départ: **
Potentiel de croissance: ***

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COMMUNICATION ET MARKETING

Des écrans qui s’adaptent aux passants

Bien que l’affichage soit l’un des supports de communication les plus anciens, les innovations dans ce domaine ne manquent pas. Ainsi, la Régie autonome des transports parisiens a installé il a quelques années dans le métro des affiches-écrans munies de capteurs et de connexion Bluetooth capables d’identifier des caractéristiques comme le sexe ou l’âge du passant. Outre le recueil d’information permettant de mieux cibler le public, cette technologie offre aussi la possibilité d’adapter le message en fonction du passant ou d’interagir avec celui-ci. «C’est une prolongation de la révolution digitale, indique le publicitaire et consultant indépendant Pedro Simko. Le but n’est plus de parler à des grandes masses anonymes, mais à des petits groupes ciblés et aux individus eux-mêmes, selon leurs caractéristiques ou leur humeur du moment.»

Bien sûr, de telles affiches numériques demandent des investissements plus importants que de simples affiches en papier. Et il convient de veiller à ne pas les rendre trop intrusives. Pour Pedro Simko, ce segment présente de bonnes chances de développement en Suisse. L’affichage demeure en effet un support important en raison de la difficulté d’acheter des audiences nationales, notamment à la télévision, mais aussi du savoir-faire typiquement helvétique en matière de graphisme. «Tout ce qui renvoie à la disruption digitale en matière de communication présente un bon avenir, résume-t-il. Mais un élément ne doit pas être oublié: aujourd’hui, les gens se détournent des messages trop tape-à-l’œil, où l’annonceur proclame simplement être le meilleur. Il faut impérativement transmettre des informations utiles au consommateur.» Ceci s’applique aux affiches, mais aussi aux réseaux sociaux et à tous les supports mobiles.

Facilité à répliquer en Suisse: **
Investissement de départ: **
Potentiel de croissance: ***

Le drone-vertising

Le concept de «drone-vertising», soit la publicité par le biais de drones, se développe de plus en plus à l’international et pourrait aboutir, à terme, à des idées d’entreprises pérennes en Suisse. «Les drones présentent un terrain d’expérimentation vaste et qui va croissant, souligne Michael Kamm, CEO de l’agence de communication Trio à Lausanne. Le but est surtout de surprendre le consommateur, de faire preuve d’inventivité et de faire parler, le tout avec des budgets faibles.» L’intérêt est marqué pour les opérations de guérilla marketing, d’autant que les drones permettent d’atteindre des endroits reculés où les consommateurs ne sont pas sensés être confrontés à des messages publicitaires.

Parmi les exemples d’applications à l’étranger, on peut citer la marque Dove qui a déguisé sur les plages de Rio, au Brésil, des drones en cigognes afin d’apporter des sacs de produits pour bébés à des femmes enceintes et à des jeunes mamans. Autre exemple: à Vérone, en Italie, l’association anglaise Flower Council of Holland a utilisé un drone (baptisé Cupidrone) pour déposer des roses devant des couples à l’occasion de la Saint-Valentin. Muni d’une caméra embarquée, l’appareil filmait les réactions des gens.

De telles opérations peuvent ainsi créer un buzz à travers la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux. En Suisse, il convient cependant d’éviter de faire voler des drones au-dessus d’un rassemblement de personnes, comme le prévoit l’Office fédéral de l’aviation civile. Rédactrice en chef de Cominmag, Victoria Marchand souligne une autre application à fort potentiel de croissance: la livraison de biens par des drones. Une thématique qui a notamment été abordée lors du dernier Cannes Lions Innovation.

Facilité à répliquer en Suisse: **
Investissement de départ: *
Potentiel de croissance: ***

Personnaliser des articles de la vie quotidienne

Aux Etats-Unis, l’équipe de baseball des Phillies de Philadelphie a sorti un grille-pain permettant aux fans d’imprimer chaque matin le logo du club sur leurs toasts. «La démarche d’articles publicitaires personnalisés existe depuis longtemps, souligne Patrick Zanello. La grande différence, c’est que l’offre était surtout limitée au B2B, avec de grosses quantités. Ce projet propose cette prestation en B2C, avec l’achat de petites quantités, soit dès une pièce.»

Dans le domaine du sport, une telle idée pourrait aussi s’appliquer en Suisse, à condition de ne pas viser des grands clubs internationaux, style PSG ou Juventus, en raison des droits conséquents à payer. On peut en revanche cibler les clubs locaux de gym, de foot ou de hockey par exemple. Il convient avant tout de vérifier les aspects juridiques pour déterminer la faisabilité ou non du projet. Un fois cette question résolue, une vente à travers des sites de ventes par correspondance ou de ventes groupées peut être envisagée. A noter qu’en recourant à des sous-traitants, les investissements de départ peuvent rester limités (entre 150’000 et 250’000 francs).

Facilité à répliquer en Suisse: **
Investissement de départ: *
Potentiel de croissance: **

La publicité olfactive

La publicité olfactive dispose elle aussi d’un fort potentiel de développement en Suisse. Les projets d’imprimantes à odeurs se font sentir sur le marché, avec notamment Google qui investit dans ce sens. Le principe est celui d’une machine capable de diffuser sur commande des odeurs spécifiques mélangées à partir d’odeurs de base. «Le potentiel est proche du business-model de Nespresso ou des imprimantes et leurs recharges de toner», souligne Michael Kamm. Le publicitaire relève que dans un monde visuel et auditif sur-stimulé, le sens olfactif représente un terreau fertile pour toucher l’humain dans ses émotions (élément central pour atteindre et orienter les choix des consommateurs). Les odeurs touchent en effet des zones spécifiques du cerveau, sans forcément que la personne s’en rende compte. On associe, en outre, souvent des événements et des souvenirs à des odeurs.

Parmi les exemples ayant fait leurs preuves à l’étranger, il mentionne les parfums Yves Saint Laurent, diffusés à des abribus à Paris en septembre 2015. Les passants devaient scanner l’affiche en question qui les amenait sur la page Facebook de la marque, où un code leur était transmis. Une fois le code entré dans un écran tactile situé sur l’abribus, un échantillon était délivré. Autre exemple: la marque de nourriture animale Beneful, qui, dans une campagne lancée en Allemagne en 2012, incrustait une odeur de pâté pour chien sur des affiches publicitaires disposées dans la rue à basse hauteur afin d’attirer la cible (les chiens) et l’acheteur (les maîtres).

Grâce à la forte densité de start-ups innovantes dans le secteur des technologiques de pointe, les imprimantes à odeurs pourraient tout à fait être développées en Suisse. Selon le publicitaire lausannois, il faudrait dans un premier temps commencer par créer un prototype afin de susciter une émulation autour des possibilités d’application à des fins industrielles. Et bien sûr, dans ce cas, les coûts seraient plus élevés que pour de simples affiches publicitaires olfactives.

Facilité à répliquer en Suisse: ***
Investissement de départ: **
Potentiel de croissance: ***

Des pubs sur des objets d’entreprise

La société américaine FreePaperCups fournit gratuitement aux entreprises des gobelets à café sur lesquels ont été imprimées des publicités. En Suisse, des prestataires proposent d’inscrire le logo de l’entreprise sur divers objets afin de les distribuer lors de manifestations par exemple. Mais personne ne les propose pour l’heure comme surface publicitaire. Pour Patrick Zanello, outre la réduction des coûts pour l’entreprise qui reçoit gracieusement ces articles, une telle démarche présente plusieurs avantages en termes publicitaires. Le format est innovant, exclusif et individualisé. Il est en outre possible de déterminer précisément où l’objet sera distribué (on peut cibler les sociétés selon leur secteur d’activité par exemple), le tout avec un coût au contact très attractif.

«La production peut se faire en Suisse ou à l’étranger en sous-traitant ou en recourant à une imprimante 3D pour les demandes urgentes, souligne le publicitaire. On peut aussi se concentrer sur les grands centres urbains du pays ou dans les quartiers d’affaires des grandes villes.» Selon lui, l’important consiste surtout à mettre sur pied une structure de vente motivée, jeune et qui ne fasse pas passer ce nouveau média pour un gadget, mais puisse convaincre le client qu’il s’agit d’un média pérenne et efficace. Pour la phase initiale, l’investissement peut être compris entre 200’000 et 400’000 francs, avec une équipe de vente et un bureau d’environ 3 personnes par exemple.

Facilité à répliquer en Suisse: ***
Investissement de départ: *
Potentiel de croissance: ***
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RESTAURATION ET ALIMENTATION

Des restaurants sans déchets
La gestion des déchets représente un défi majeur. Le domaine de la restauration peut y participer de manière significative, notamment en réduisant le gaspillage alimentaire. Tous deux ouverts en 2014, les restaurants Greenhouse, à Perth en Australie, et Silo, à Brighton en Angleterre, ont développé un concept «zéro déchet». Ils possèdent leur propre potager et produisent ainsi une grande partie des aliments qu’ils cuisinent. Le reste de la nourriture leur est fournie dans des contenants réutilisables. L’ensemble des déchets organiques, comme les épluchures et les restes de repas des clients, sont recyclés dans un composteur. L’engrais ainsi obtenu est directement utilisé au jardin. Le Greenhouse de Perth transforme également les restes d’huile et les graisses en énergie grâce à un bio générateur.

«Plus qu’un concept, éviter ou trouver une façon de valoriser les déchets devrait être une norme pour chaque restaurant, relève Christine Demen Meier, responsable de la Chaire Saviva Food & Beverage à l’Ecole hôtelière de Lausanne. La Chaire travaille actuellement sur de nombreuses solutions innovantes pour limiter les déchets dans ce secteur et les restaurateurs suisses devraient petit à petit se les approprier.» Cette problématique interpelle aujourd’hui de nombreux consommateurs, soucieux de préserver la planète. Pour répondre à cette demande, divers concepts commencent à émerger en Suisse, à l’image des épiceries «en vrac», sans aucun emballage. Les restaurants sans déchet pourraient s’inscrire dans cette tendance.
Facilité à répliquer en Suisse: ***
Investissement de départ: **
Potentiel de croissance: ***

Un bistrot pour manger en solo
La plateforme américaine de restauration OpenTable a révélé l’automne dernier que les réservations dans les restaurants par des personnes seules ont augmenté de 62% en deux ans. Pour répondre aux besoins d’un mode de vie toujours plus individualiste, de nombreux concepts se développent à l’international. Le restaurant éphémère Eenmaal, imaginé par une Néerlandaise, ne propose que des tables individuelles. Ouvert de manière éphémère à Amsterdam en 2013, puis à Londres début 2015, le concept a rencontré un immense succès. Il devrait prochainement s’implanter à New York et dans d’autres capitales d’Europe.

Pour Christine Demen Meier, ce n’est pas un hasard si le concept choisit de s’installer dans de grandes métropoles. «L’individualisme et la solitude y sont plus important. L’idée est intéressante, mais la taille des villes suisses ne lui correspond pas.» D’après Gregory Ahr, créateur de nouveaux concepts de restauration à Genève, les Suisses qui vont seuls au restaurant sont pourtant nombreux, particulièrement à midi. «Je vois bien ce concept s’intégrer dans une offre standard, analyse-t-il. Les restaurants pourraient proposer davantage de tables individuelles et aménager l’espace de manière à faire disparaître la gêne encore provoquée par le fait de manger seul.»
Facilité à répliquer en Suisse: **
Investissement de départ: **
Potentiel de croissance: *

Supérette pour seniors
La chaîne allemande de supermarchés Kaiser’s a ouvert il y a un an à Berlin la première supérette destinée aux seniors, «Kaiser’s Generationen Markt». Le vieillissement de la population offre aux entreprises un nouveau marché à exploiter. S’adaptant aux besoins de cette clientèle particulière, cette supérette a été conçue pour faciliter les achats et sécuriser les déplacements: rayonnages spacieux, éclairage plus intense, signalisation claire, marchepieds ou encore loupes. A l’inverse de la tendance actuelle, l’établissement propose moins d’électronique et davantage de services. Même certains produits en rayons sont adaptés au mode de vie des seniors: un grand nombre d’aliments est par exemple proposé en portions individuelles.

«Pour fonctionner, un tel supermarché doit être situé proche d’une zone où résident des personnes âgées, en raison de leur mobilité réduite, observe Christine Demen Meier, de l’EHL. Ce concept nécessite une grande surface, mais pour une utilisation de l’espace non optimale. Au prix du mètre carré dans les villes de Suisse, cela représente un investissement colossal.» Compte tenu de la fidélité des personnes âgées aux commerces de leur quartier, un business spécialisé dans l’aménagement des espaces pour les séniors, qui offrirait ses services à des commerces déjà existant, aurait sans doute plus de chance de réussir.
Facilité à répliquer en Suisse: **
Investissement de départ: ***
Potentiel de croissance: **

Des robots au service et en cuisine
Trois clics et un glissement de carte. Chez Eatsa, le client commande, paie et retire son déjeuner tout seul grâce à un système entièrement automatisé. Seules les lunch-box servies par l’établissement demeurent confectionnées en amont par des humains. Depuis son ouverture l’été dernier à San Francisco, ce restaurant sans employé ne désemplit pas. En Chine, au Japon et à Dubaï, le concept a été poussé encore plus loin: des robots sont venus remplacer les serveurs et même les cuisiniers dans des cafés et restaurants qui connaissent un succès grandissant.

«Compte tenu du coût de la main d’œuvre en Suisse et de l’intérêt pour la technologie de la génération Y, ce concept s’avèrerait très rentable, relève Christine Demen Meier, de l’EHL. De plus, avec ses nombreux centres de recherches et écoles polytechniques, le pays se situe à la pointe de l’innovation en matière de robotique.» L’aspect déshumanisé du concept inquiète cependant Grégory Ahr. «Mais je le vois tout à fait fonctionner quand les autres restaurants sont fermés, la nuit par exemple, indique ce dernier. En Suisse, rares sont les établissements ouverts 24 heures sur 24, notamment à cause des réglementations et des coûts du travail de nuit.» Les robots pourraient ainsi prendre le relais et nourrir les fêtards et les travailleurs nocturnes.

Facilité à répliquer en Suisse: ***
Investissement de départ: ***
Potentiel de croissance: ***

Des cafés-laveries
Laver son linge tout en «brunchant» ou en buvant une bière, c’est ce que proposent les cafés-laverie. Ce concept rencontre un franc succès dans les pays nordiques. En Belgique, l’enseigne Wasbar a ouvert trois arcades en moins de trois ans. Elle vient d’être rachetée par la société Top Brands, qui envisage l’ouverture de trente à quarante café-laverie en Belgique, et compte aussi s’exporter en France.

Wasbar a établi un partenariat avec une marque d’électroménager, ce qui lui a permis d’amortir les coûts d’investissement. Selon Grégory Ahr, le concept est malin. Il ne nécessite que peu de main d’œuvre. Un employé derrière son comptoir peut proposer à la fois sandwichs, cafés, bières, jetons de lessive, code wi-fi, voire même magazines, dans un espace confortable et chaleureux. La laverie froide et austère se transforme en véritable lieu de vie. «Contrairement à ce que l’on pense, de nombreux Suisses n’ont pas de machine à laver chez eux et les buanderies d’immeuble imposent souvent des horaires incompatibles avec l’emploi du temps de certains. L’idée de ce lieu hybride pourrait plaire aux Suisses. Les étudiants qui ne vivent plus chez leur parents constitueraient notamment un parfait public cible.»
Facilité à répliquer en Suisse: ***
Investissement de départ: **
Potentiel de croissance: ***
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Collaboration: Céline Bilardo, Séverine Géroudet, Blandine Guignier et William Türler.

Une version de cet article est parue dans PME Magazine.