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28’000 francs pour un prénom

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Reprendre le nom d’un ancêtre? Consulter les statistiques? Ou s’inspirer des choix des stars? Les parents à la recherche d’un prénom devront assumer ce choix toute leur vie devant leur descendance, et aussi le «positionnement» social et culturel qu’il véhicule. L’agence de publicité bernoise generic cialis definition entend venir au secours des géniteurs qui se sentent submergés par une telle pression. Fondée en 2003 et spécialisée dans la recherche de noms pour les entreprises, elle propose depuis l’année dernière ce même service pour les nouveau-nés, à la suite d’une demande venant d’un client américain. Pour environ 28’000 francs, l’entreprise collabore jusqu’à huit semaines avec les parents pour leur fournir plusieurs propositions de prénoms.

«Une des missions principales est d’assurer une certaine continuité par rapport aux autres membres de la famille. Il faut éviter que le prénom de l’enfant ressorte de manière trop évidente», explique Marc Hauser, fondateur et CEO d’Erfolgswelle. Autres critères importants: le prénom doit pouvoir se prononcer facilement — deux à trois syllabes au maximum –, ne pas avoir de connotation négative liée à un événement historique, ni une signification qui serait ambiguë dans une autre langue. Pour cela, l’agence travaille avec une équipe d’historiens et de traducteurs.

Sur ses clients et les prénoms déjà vendus, la société ne dira pas grand-chose: clause de confidentialité oblige. Marc Hauser reconnait néanmoins avoir vendu ses services à des personnes médiatisées avec un mode de vie tourné vers l’international: «Ils ont l’habitude de payer de telles sommes pour avoir des conseils professionnels.» Il est toutefois difficile de mesurer l’ampleur du phénomène, car l’agence ne donne pas de chiffres sur le nombre de ses clients. Seul indice: les marchés principaux se trouvent aux Etats-Unis et en Asie.

Toujours plus de prénoms

Erfolgswelle est un pionnier dans le domaine. On ne trouve que très peu d’offres similaires dans le monde. Même aux Etats-Unis, les agences actives sur ce marché proposent des services de conseil ponctuel et non un accompagnement pendant plusieurs semaines.

Pourtant, l’intérêt autour du choix des prénoms est grandissant, comme l’illustre la médiatisation de la liste des prénoms les plus populaires du pays, publiée chaque année par l’Office fédéral de la statistique. L’un des principaux constats, valable pour l’ensemble des pays occidentaux, est que la gamme de prénoms s’est considérablement élargie. «Il y a 50 ans, les prénoms les plus populaires étaient beaucoup plus répandus qu’aujourd’hui», explique Baptiste Coulmont, sociologue à l’université Paris 8 et auteur du livre «Sociologie des prénoms» (La Découverte). Selon lui, le choix du prénom donne des indices sur le milieu social et culturel de la famille. «Pour les parents, ce choix est devenu de plus en plus crucial», ajoute-t-il.

Quant aux Suisses, Marc Hauser indique qu’ils sont encore peu nombreux à vouloir payer pour trouver le prénom parfait: «Notre concept correspond davantage à la culture nord-américaine.» Selon Frédéric Rouyard, porte-parole du Service de la population dans le canton de Vaud, il y a rarement des soucis liés aux prénoms choisis. «L’état civil n’intervient qu’environ une dizaine de fois par an sur tout le canton pour attirer l’attention des parents lorsqu’un choix présente un risque pour les intérêts de l’enfant. C’est par exemple le cas avec ‘Sadik’, prénom courant dans certains pays des Balkans, mais qui a une connotation négative en français.» Le palmarès des prénoms en Suisse romande laisse également entrevoir une certaine prudence. On y trouve Gabriel, Liam et Lucas pour les garçons et Emma, Eva et Léa pour les filles.
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Une version de cet article est parue dans le magazine L’Hebdo.