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Une pluie de bonnes nouvelles

Fin d’année sur des airs de catastrophes. En cherchant bien, les optimistes obsessionnels trouveront pourtant bien quelques lueurs à mettre autour du sapin.

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Tout va bien. OK, Mix n’est plus là, ni non plus Michèle Morgan, ni tant d’autres. OK, la Syrie, les attentats à répétition, en rafales. Et le reste. Tout pourtant n’est pas si sombre, du moins sur le front paisible de l’actualité suisse.

Tenez, au hasard, une bonne nouvelle. L’Union européenne lâche du lest. Une directive européenne sur les armes à feu admet en effet, au nom de la tradition, l’exception suisse de l’arme de service à domicile. L’honneur du fusil militaire et des tirs obligatoires est donc sauf, et la population entière respire. Tant pis pour les pisse-froid qui évoqueraient la récente fusillade dans une mosquée zurichoise. Rien n’a jamais à voir avec rien, c’est bien connu.

Des bonnes nouvelles d’ailleurs, il y en a pour tout le monde et tous les goûts. Les anti-nucléaires d’abord, peu gâtés ces derniers temps. Contrairement à la volonté de son propriétaire Axpo, la centrale de Beznau I ne pourra pas redémarrer son réacteur d’ici à la fin de l’année. L’inspection fédérale du nucléaire, béni soit son nom, comme diraient les ayatollahs verts, s’est opposée à cette reprise d’activité. Elle estime, la tatillonne, que 925 malheureux petits trous dans la cuve, cela méritait bien qu’on attende au moins le retour du printemps.

Pour les pro-nucléaires ensuite, si souvent dépeints en fous furieux à enfermer d’urgence, et qui se voient confortés dans une de leurs idées fixes, le traitement des déchets, eh bien voyez-vous, ça fonctionne. Mais oui messieurs-dames. Un four à plasma ne vient-il pas de diviser par cinq, et comme par la seule magie du Saint-Esprit atomique, le nombre de fûts de déchets produits par nos centrales? Des déchets certes faiblement radioactifs, mais ne chipotons point, voulez-vous. Ils étaient 511, les fûts, ils ne sont plus que 147. Joie, pleurs de joie. Ne reste qu’à les stocker «en couches géologiques profondes». Autant dire une formalité.

Autre matière à saine réjouissance: la preuve désormais faite qu’on peut bien s’amuser lors d’un concours hippique et que les UDC sont des gens comme les autres. Tout ça grâce à l’infatigable conseillère nationale genevoise Céline Amaudruz. Laquelle, revenant d’une manifestation équestre, s’est faite pincée, comme on le sait, dans un état d’alcoolémie incompatible avec la conduite d’un véhicule à moteur. Comme si les canassons avaient le monopole du dopage.

Toujours est-il, selon l’aveu même de la contrevenante, que les policiers genevois — et c’est la troisième bonne nouvelle dans une seule info si l’on compte bien — ont fait preuve, dans la pénible circonstance, de «beaucoup d’humanité». Des policiers genevois débordant d’humanité! Là, il faut le dire, l’euphorie en deviendrait presque étouffante.

Un bonheur n’arrivant jamais seul, voici, pour la bonne bouche, un spectaculaire renversement de tendance, encore un: la presse de qualité se porte bien. N’est-ce pas une journaliste du Temps qui vient de décrocher le prestigieux Champignac d’or? Pour ce glaçant constat: «Son décès complique le travail de la police, qui n’a pas pu l’interroger.»

Certes sur ce coup, les politiciens, réduits aux accessits, peuvent se sentir quelque peu volés. Le conseiller d’Etat Barthassat ne méritait-il pas mieux, avec cette saillie, comme préfigurant le sens et le parfum du cru 2017: «Ce n’est plus quelque chose qui va défigurer notre rade puisqu’on l’aura dans le dos quand on sera face à elle.»