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Peu d’adeptes du congé menstruel en Suisse

En Asie, on accorde un congé payé aux femmes souffrant de règles douloureuses, et l’Italie est en train d’adopter une loi en ce sens. En Suisse, l’idée ne convainc pas.

Octroyer aux femmes un à trois jours de congé payés chaque mois en cas de menstruations douloureuses. En Suisse, aucune entreprise ne semble avoir pris de telles dispositions. Plusieurs pays asiatiques l’ont pourtant déjà adopté. Au Japon et en Indonésie, il existe depuis les années 1940. La Corée du sud et Taïwan ont rejoint le mouvement dans les années 2000. Certaines entreprises, comme Nike ou Coexist à Bristol, ont inscrit la mesure dans leur code de conduite.

Plus proche de la Suisse, un projet de loi a été déposé au parlement italien le 13 mars dernier. Quatre députées proposent un congé menstruel de 3 jours par mois, sur certificat médical renouvelable d’année en année. Un projet en passe d’être accepté. L’édition italienne du magazine Marie-Claire a applaudi un «progrès pour la durabilité sociale», tandis que la codirectrice de Coexist a assuré aux médias que ses salariées étaient plus productives une fois leur cycle terminé.

En Suisse romande, ces arguments laissent sceptique Valérie Borioli Sandoz, responsable politique de l’égalité chez Travail.Suisse. «Légiférer sur une question aussi individuelle risque d’affaiblir l’ensemble des femmes sur le marché du travail, en donnant aux employeurs une raison supplémentaire de ne pas les engager.» Même réticence à la Fédération des Entreprises Romandes. «La législation actuelle en la matière me semble suffisante, explique Olivia Guyot, directrice du Service d’assistance juridique et conseils. En dessous de trois jours d’absence consécutifs, il n’y a généralement pas besoin de présenter de certificat médical à son employeur. Si les règles sont vraiment invalidantes, il est toujours possible de se rendre chez son médecin.»

Avoir mal, ce n’est pas normal

Du côté des gynécologues, on doute de l’applicabilité d’un congé généralisé. «Il n’existe actuellement aucun moyen objectif pour évaluer l’intensité de la douleur, relève Chahin Achtari, médecin chef au service de gynécologie du CHUV. Dès lors, comment justifier un congé menstruel, par rapport à d’autres douleurs chroniques comme les maux de dos?»

Douleurs abdominales lancinantes, maux de tête, nausées, fatigue. La dysménorrhée, terme qualifiant des règles particulièrement douloureuses, concernerait une femme sur quatre en Suisse. Un chiffre à remettre en contexte, selon Jean-Bernard Dubuisson, professeur chirurgien gynécologue. Selon le spécialiste, les femmes souffrant de dysménorrhée sont très souvent atteintes d’une endométriose, maladie gynécologique touchant entre 5 à 10% des femmes et bénéficiant de traitements médicamenteux et chirurgicaux. «Beaucoup de femmes ne sont pas soignées, soit car elles ont vécu un avortement et pensent que la douleur menstruelle est de leur faute, soit car leur médecin leur a dit qu’il était normal d’avoir mal, dénonce Jean-Bernard Dubuisson. Mettre en place une législation pour donner congé aux femmes, parce qu’elles souffrent trois jours par mois, c’est aberrant et criminel. Si une femme souffre, il faut avant tout la soigner et traiter la cause.»

Reste les cas de dysménorrhées dites primaires, très invalidantes, dont les causes sont inconnues. «Il existe des contraceptifs, pilules ou stérilets, atténuant la douleur, rappelle Chahin Achtari. Mais il est vrai que si l’on pouvait cibler précisément ces personnes, qui souffrent malgré les traitements, un congé pourrait être une solution. Toutefois, une généralisation à toutes les femmes ne se justifie pas.»
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Une version de cet article est parue dans PME Magazine.