Les utilisateurs de portables doivent connaître ces quatre lettres: le système GPRS sera commercialisé au début de l’année prochaine. Il permettra de surfer mobile au moyen d’une connexion permanente haute vitesse.
Si je vous dis que j’ai publié ce texte depuis un train, vous n’aurez pas de quoi être impressionné: il est possible depuis longtemps de brancher son PC sur un téléphone mobile. Mais vous serez peut-être surpris d’apprendre que je l’ai transmis à une vitesse de 43’200 bps, soit 4,5 fois plus vite qu’avec une connexion traditionnelle (le réseau GSM atteint péniblement 9600 bps). J’ai utilisé pour cela le système HSCSD (voir lexique ci-dessous pour les acronymes), commercialisé il y a quelques mois par Swisscom et depuis peu par Orange.
Le concept n’est pas révolutionnaire: pour accélérer la transmission, le système exploite simplement plusieurs canaux GSM à la fois, ce qui multiplie d’autant le débit et permet de surfer sur la route presque aussi vite qu’avec un modem de bureau. Heureusement, l’opérateur ne facture qu’une seule communication, même si son infrastructure est davantage sollicitée que pour un simple appel vocal. Malgré cela, surfer en déplacement reste relativement cher, entre 20 et 50 centimes par minute en fonction de l’abonnement.
Concrètement, le système fonctionne au moyen d’une carte PCMCIA à installer dans son ordinateur portable. Munie d’une antenne, cette carte permet, chez Orange, de se connecter à Internet en passant par n’importe quel fournisseur d’accès (y compris les fournisseurs gratuits comme le Freesurf de Sunrise). Chez Swisscom, l’utilisateur du «Natel Office Link» (c’est le nom du produit) doit passer par le fournisseur maison. En plus, il faut une carte SIM spécifique pour bénéficier du HSCSD, tandis que n’importe quel abonnement Orange traditionnel fonctionne.
Diax a préféré laisser cette technologie de côté: «Nous préparons déjà la suite, explique Monika Walser, porte-parole de l’opérateur zurichois. Le HSCSD nous semblait inadéquat car il occupe un grand nombre de lignes pour des performances limitées.»
La «suite» que prépare Diax, comme les autres opérateurs d’ailleurs, se résume de nouveau en un acronyme: le GPRS. Cette technique nécessite une légère modification des réseaux mobiles. «Ce n’est pas très cher, poursuit Monika Walser. La majorité des modifications se fait au niveau des logiciels.» Swisscom, qui possède le plus grand nombre d’antennes (2500), qualifie de «raisonnable» l’investissement de moins de 100 millions de francs suisses consenti pour adapter son réseau à la technologie GPRS.
La vitesse de transmission de GPRS est équivalente à celle de HSCSD, soit 4 à 5 fois celle d’un téléphone mobile actuel. L’avantage principal du GPRS réside dans la connectivité permanente: au lieu de devoir établir une liaison avec un fournisseur, l’usager est branché en permanence sur le Net. Il peut par exemple recevoir une alerte si un email arrive dans sa boîte électronique. Autre avantage, le service n’est pas facturé en fonction de la durée d’utilisation mais de la quantité de données transmise.
Les trois opérateurs du pays donnent les mêmes dates que leurs homologues européens pour le lancement de cette nouvelle technologie: les réseaux seront prêts d’ici à la fin de l’année. Seul problème, les fabricants d’appareils ne suivent pas. «C’est la même chose que lors du lancement du WAP, explique Thérèse Wenger, porte-parole d’Orange. Les réseaux sont prêts mais les constructeurs n’arrivent pas à livrer dans les délais.»
Le numéro 1 du marché, Nokia, ne sortira pas de modèle GPRS avant la mi-2001. L’allemand Siemens et le suédois Ericsson affirment qu’ils arriveront plus tôt. « Notre mobile GPRS, le R520, est déjà prêt, confirme Bo Albertson, directeur du marketing d’Ericsson à Stockholm. Nous serons les premiers sur le marché à la fin de cette année déjà, mais la production en grande quantité ne se fera qu’au début de l’année prochaine. Le prix dépendra des différents marchés mais ce sera bien entendu un modèle dans le haut de la gamme.»
Opérateurs et constructeurs comptent sur GPRS pour assurer l’intérim, en attendant la troisième génération de réseaux mobiles. Ce que l’on appelle l’UMTS représentera un saut d’une toute autre envergure pour les opérateurs, car il nécessite le déploiement d’un nouveau réseau, par conséquent des investissements considérables. Swisscom estime à 2 milliards de francs suisses les frais d’installation d’UMTS, sans compter le prix de la license qui sera vendue aux enchères cet automne. UMTS permet d’atteindre des vitesses de transmission de 2 Mbps, soit 200 fois le débit d’un appareil mobile actuel. Le démarrage des services UMTS est prévu pour 2002 en Suisse.
HSCSD, High Speed Circuit Switched Data.
Technologie qui consiste à utiliser plusieurs canaux de transmissions mobiles GSM pour transmettre plus de données à la fois. Un canal GSM a une capacité de 9,6 Kbps. En utilisant HSCSD et en cumulant les canaux, on peut aller jusqu’à 28,8 Kbps, voire jusqu’à 43,5 Kbps. HSCSD est proposé par la plupart des opérateurs européens. En Suisse, Orange et Swisscom proposent cette technologie.
GPRS, General Packet Radio Service.
Optimisation de la transmission de données sur le réseau mobile GSM actuel. GPRS autorise une connexion informatique permanente entre le téléphone et le réseau internet à une vitesse de 43,5 Kbps (équivalente à HSCSD). A terme, les constructeurs pensent pouvoir atteindre 115 Kbps. Le système utilise la transmission par paquets, donc l’usager paie en fonction des données transmises, et non du temps de communication. GPRS sera proposé si possible à la fin de cette année par les opérateurs européens. L’abonné GPRS est informé automatiquement de la réception d’un mail ou d’un document informatique. Le système GPRS s’utilisera au moyen d’un ordinateur portable ou un agenda électronique branché sur un téléphone mobile.
UMTS, Universal Mobile Telecommunications System.
Système de transmission numérique pour les téléphones mobiles dit de la troisième génération (3G), qui succèdera au protocole numérique actuel, le GSM. UMTS permet la transmission de données informatiques à une vitesse de 2 Mbits par seconde, soit plus de 200 fois le débit d’un téléphone mobile GSM. Les licences d’exploitations seront octroyées en Europe d’ici à 2001 et les premiers réseaux déployés en 2002. UMTS s’appelle aussi IMT-2000 ou CDMA-2000 (Code Division Multiple Access) aux Etats-Unis.
WAP, Wireless Application Protocol.
Protocole adapté du HTML utilisé sur internet permettant de transmettre des pages Web simplifiées sur un téléphone mobile adapté. Avec WAP, l’usager peut consulter des mini-pages et intéragir au moyen d’un minuscule écran à choix multiples. Les premières applications WAP existent depuis l’été 1999. A terme, tous les téléphones du marché seront compatibles avec ce standard.
