Dimanche 9 mai, les Suisses offriront des bouquets à leurs chères mamans. Mais savent-ils seulement que le langage des fleurs est sans limite? Geneviève Grimm-Gobat décrypte.
Après avoir offert le traditionnel brin de muguet du 1er mai, vous n’échapperez sans doute pas, ce week-end, au passage chez le fleuriste. On commence à le savoir: c’est la Fête des mères en Suisse.
«Dites-le avec des fleurs!» Cet habile slogan publicitaire est aujourd’hui entré de force dans les moeurs. Mais que disent-elles, ces fleurs? Chacun a la conviction, si ce n’est de maîtriser, du moins de connaître quelques rudiments de leur langage.
Il y a bien sûr la reine d’entre elles: la rose. Elle a permis à tant d’amoureux de rester muet, lui laissant le soin d’exprimer leur sentiment forcément indicible. Autre fleur particulièrement chic, le lys, emblème de la royauté, symbole de la pureté. Orgueilleux, selon Verlaine.
Moins distingué, le myosotis n’en est pas moins appelé herbe d’amour. Son appellation anglaise est plus explicite: Forget-me-not, on ne l’oublie pas. Parmi les plus humbles se trouve la violette. Jouer les violettes, c’est être discret, modeste.
Je vous épargnerai les autres messages véhiculés par les bouquets devant lesquels vous allez hésiter d’ici peu. Votre mère s’attendrira à coup sûr devant votre geste et ne songera pas à y chercher un quelconque message codé. Elle y verra l’affection de son enfant qui «le lui dit avec des fleurs».
Mais n’oubliez pas qu’on peut tout dire avec des fleurs. Et sans forcément recourir aux symboles, comme le démontre un événement insolite survenu l’an dernier en Grande-Bretagne. Une anecdote véridique.
Cela se passait dans la petite ville de Rotherham. Une douzaine d’escrocs purgeaient leur peine dans des jardins. Ils avaient été condamnés à planter des jonquilles en tant que travail d’intérêt général. Il s’agissait de redonner vie et couleurs aux rues tristes de la ville.
Personne, à Rotherham, ne s’était inquiété de la manière dont ces douze personnages disposaient leurs oignons de narcisse dans le sol.
Passa l’hiver, et au retour du printemps, un message en sept lettres jaune-jonquille s’épanouissait sur fond de gazon: «Fuck you».
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Geneviève Grimm-Gobat vit dans le Jura. Elle est la mère de trois enfants qui lui offriront sans doute des fleurs ce week-end.
