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Pour éviter la censure, les Napstériens réinventent le verlan

L’affaire Napster évolue de jour en jour. A la fin de la semaine dernière, la plate-forme d’échange de musique annonçait l’installation imminente d’un filtre empêchant le téléchargement illégal de titres et provoquait une fois de plus un vent de panique chez ses usagers.

La firme californienne avait pourtant répété à mainte reprises, y compris lors de son audience judiciaire, qu’il lui était «techniquement impossible d’empêcher l’échange de fichiers musicaux» sans boucler l’ensemble du service.

Lundi, le filtrage devait théoriquement fonctionner et interdire la recherche de certains artistes et de certains titres. On pouvait cependant encore y trouver la plupart des morceaux, y compris ceux des plus farouches opposants à Napster tels que Metallica. «Il faudra encore quelques jours pour que le filtre fonctionne», promet la compagnie. En fait, les filtres ne s’appliqueront qu’à la prochaine connexion des usagers (au moment du lancement de Napster), ce qui peut prendre plusieurs jours puisqu’une grande partie des Napstériens bénéficient de liaisons permanentes et s’en servent.

Mais des parades commencent à apparaître: l’équipe de Aimster – le logiciel qui permet d’échanger de la musique en utilisant Napster mais qui se greffe aussi sur la communauté des utilisateurs de la messagerie AOL – a inventé un processus tout simple pour éviter les ciseaux du moteur de recherche.

Ce logiciel s’appelle le Pig Encoder (crypteur cochon). Ultrasimple, l’outil encode le nom des fichiers en mettant la première lettre de chaque mot à la fin. «Britney Spears» devient ainsi «ritneyB pearsS». «Madonna» devient «adonnaM», etc. Même chose pour les titres de chanson qui prennent des allures bizarres («opsO I idd ti gaina» ou «fI ouy adh ym ovel»).

Le logiciel parcourt la liste des chansons sur le disque dur de l’internaute et en modifie les noms. Au prochain chargement de Napster, l’indexation dans la base de données se fera ensuite selon ce charabia et rendra le filtre de Napster inopérant. Malin.

Lundi, l’industrie du disque se félicitait naïvement de la décision de Napster de mettre en place un filtre sur sa base de données. A tel point que le patron d’Universal (Vivendi), Jean-Marie Messier – qui vient d’annoncer, avec Sony, le lancement d’une plate-forme de diffusion de musique baptisée Duet – se disait prêt à travailler avec Napster. «Nous devons diffuser notre contenu sur toutes les plateformes.»

ravoB!