Si vous ne l’avez pas encore entendu, vous l’entendrez bientôt. On n’échappe pas à «waazaah». Depuis quelques semaines, ce cri de guerre retentit sur les pistes de ski et dans les cours de récré pour rebondir de discothèque en skatepark. Il suffit généralement qu’un plaisantin mugisse «waazaah» pour que d’autres se mettent à l’imiter en tirant la langue. Et tout le monde rigole, surtout les enfants et les beaufs.
Demandez à votre filleul: il vous montrera comment on s’y prend. S’il connaît ses classiques, il pourra même vous expliquer que ce phénomène vocal trouve son origine dans une série de spots publicitaires du brasseur Budweiser diffusés depuis décembre 1999 à la télévision américaine et accessibles sur le Net. On y voit des grands-mères ou des homeboys qui se téléphonent («what’s up? quoi de neuf?») et s’aperçoivent qu’ils font tous la même chose («watching a game, having a Bud»).
Aux Etats-Unis, leur manière gutturale de prononcer «what’s up» est immédiatement devenue populaire dans le milieu hip-hop, déclenchant toutes sortes de parodies sur le Net.
Des bricoleurs ont trafiqué des fichiers vidéo pour faire dire «whassup» à des personnages célèbres tels que Jean-Paul II, Jésus ou le petit Elian. Ces fichiers, envoyés en pièces jointes, se sont répandus dans les boîtes aux lettres électroniques, déclenchant des e-gags en cascade des deux côtés de l’Atlantique. A la fin de 2000, quelques surfers français se sont mis à hurler «waazaah» sur les pistes.
Flairant le bon coup, des musiciens de studio ont mixé les voix de la pub Budweiser avec un morceau de rap («Don’t Touch This» de MC Hammer). Le résultat, naturellement baptisé «Whassup», est devenu un tube, numéro 1 des ventes en France cette semaine.
Publicité, e-mail et sampling ont ainsi permis au phénomène «waazaah» de contaminer les cours de récré. Un coup magistral pour Budweiser, qui voit sa pub relayée gratuitement par les jeunes générations online et offline.
A l’origine, le cri figurait dans un obscur court métrage tourné par Charles Stone III en 1997. Le réalisateur basé à Philadelphie avait filmé quelques uns de ses amis qui se saluaient en hurlant «whassup». C’est l’agence DDB de Chicago qui a eu l’idée de lui confier la pub Budweiser, selon le même principe. Après l’audition de 80 comédiens professionnels, il a finalement été décidé de tourner le spot avec les acteurs originaux, «qui se saluent vraiment comme ça dans la vie réelle». It’s real, et il paraît que c’est pour ça que ça marche. True.