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Partir à Londres pour admirer Rome

Qui aurait cru qu’une murée de tableaux baroques pouvait attirer à ce point les foules? Devant la Royal Academy of Arts de Londres, on distribue gratuitement le Financial Times pour faire patienter les visiteurs qui avancent en chenille sur le trottoir de Piccadilly. C’est que même le plus râleur des chroniqueurs admet qu’il n’y a pas mieux à voir ce printemps que Le Caravage et ses disciples réunis dans «le Génie de Rome 1592-1623».

L’astuce de la Royal Academy est de présenter les plus caricaturaux des tableaux religieux («Madonne à l’Enfant», «Martyr de Sainte-Cécile») comme des manifestes de modernité: éclairages latéraux, compositions dynamiques et sensualité dans le rendu des personnages. C’est sur l’émotion qu’on a joué en placardant dans le métro londonien le «Jeune homme à la corbeille de fruit» du Caravage, peint vers 1592 pour la Galerie Borghese de Rome: épaules dénudées, tête inclinée, boucles en bataille et bouche à demi-ouverte… On ne pouvait pas faire mieux que l’image de cet éphèbe insolent pour séduire le public.

Sur le plan scientifique, la critique ne quitte pas les nues: l’exposition est une suite de chefs d’œuvres incontestés sortis des plus grandes collections mondiales. Le Caravage est l’épine dorsale du génie, Simon Vouet, Rubens, Adam Elsheimer et les autres ses membres à peine inférieurs. Le propos n’est pas un prétexte: monté par une historienne d’art américaine, «Le Génie de Rome» montre le rôle primordial qu’a joué la capitale italienne et sa puissance dans la naissance et la propagation du baroque.

Car c’est bien grâce à la volonté de la papauté de préparer les églises au jubilé de 1600, à la débauche matérielle des cardinaux plus rapide à la dépense qu’à la prière, ainsi qu’à la volonté de la Rome catholique de se refaire une beauté après la Réforme que le jeune Michelangelo Merisi, dit Le Caravage, met le feu à la peinture dès son arrivée à Rome en 1592. A la Royal Academy, on a même vu Tony Blair en extase.

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«Le Génie de Rome 1592-1623 », Royal Academy of Arts, Piccadilly, jusqu’au 16 avril, du lundi au dimanche 10h-18h, vendredi jusqu’à 20h.
Téléphone: +44 207 300 8000

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En plus…

Dans le quartier jadis glauque de Hackney s’ouvre à la mi-mars un complexe tout neuf de trois salles nommé Ocean. C’est là que Soft Cell a fait son come-back récemment. Un concert de Brand New Heavies est programmé pour le 28 mars.
Téléphone: +44 207 314 2800

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Le saxophoniste anglais de jazz Courtney Pine en concert le mardi 10 avril à 19h à Cabot Hall, Canary Wharf, London E14.
Réservations: +44 870 901 6334 ou Ticketweb.

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«The Secret Garden» ou la comédie musicale sans Andrew Lloyd Webber. La Royal Shakespeare Company avait fait un triomphe à la création de cette romance tire-larme à Stratford en novembre.
Aldwych Theater, jusqu’au 2 juin 2001.
Réservations: +870 400 0805 ou +207 314 2882 ou le site de «The Secret Garden».