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Oscar(s), vingt-quatre os à la seconde

Oscars, Oscars, Oscars! On imagine parfois, au sein de nos nations occidentales, que ces deux syllabes désigneraient un type de récompenses décernées depuis 1928 par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences, organisme corporatif fondé l’année précédente par Louis Mayer, patron de la Metro Goldwyn Mayer, pour faire face aux revendications des techniciens et des acteurs. De même, on présume fréquemment que ces récompenses revêtiraient l’aspect de statuettes faites en alliage de cuivre et d’étain, et dorées à l’or fin, conçues par Cedric Gibbons, alors chef décorateur de la même MGM, pour représenter un homme appuyé sur le pommeau d’une épée fichée dans une bobine de film.

A quoi nous sommes en mesure d’ajouter quelques hypothèses sur le nom même de l’objet. La première d’entre elles? La documentaliste de l’Academy aurait estimé que la figurine évoquait fidèlement la physionomie de son propre oncle Oscar. La deuxième? Le mari de l’actrice Bette Davis, Harmon Oscar Nelson Jr., lui aurait ressemblé davantage encore. Et la troisième? Sidney Skolsky, échotier à Hollywood, aurait accrédité l’appellation en répétant cette boutade en vigueur dans les milieux culturels les plus subtils de l’époque: «Auriez-vous un cigare, Oscar?»

L’énigme est donc totale. Hors les approches cinéphiliques inspirées telles qu’en publie Largeur.com, elle a suscité, parmi les critiques du septième art, des vocations massives. Il n’y a pas que «Voici Gallaz», vous comprenez. Il y a «Voici», par exemple, et «Gala». Hi hi!

Ainsi nous est-il constamment suggéré que les plus jeunes acteurs ayant reçu un Oscar auraient été Shirley Temple en 1934, à l’âge de six ans, et Tatum O’Neal en 1973, à l’âge de neuf ans. Et que les plus âgés auraient été George Burns en 1976, à l’âge de quatre-vingts ans, et Jessica Tandy en 1980, à l’âge de 80 ans. Et que Marlon Brando l’aurait refusé pour «Le Parrain», chargeant une jeune Apache de lire, durant la cérémonie ad hoc, un message dénonçant le mauvais traitement réservé aux Indiens dans les films.

Bref, on cause partout, toujours et immensément d’Oscars. Et c’est toujours à côté de la plaque. C’est même du délire, telle est mon opinion, au point que nos amis les sociologues devraient s’y intéresser. Parce que je vais vous le dire, moi: «Oscar», de toute éternité, dans les classes collégiennes de Suisse romande, c’est le prénom du squelette qu’on étudie pendant les heures de sciences naturelles. Vingt-quatre os à la seconde, vous voyez ça? Quelques hypothèses circulent à ce sujet sur la vie, l’art et la mort en général, mais l’article est fini.