Les primates esclavagistes seront de retour sur les écrans cet été dans une version signée par l’un des cinéastes les plus inventifs de sa génération. Retour sur grimaces.
Dès cet été, les amateurs de science-fiction pourront repartir à la découverte de la planète des singes avec un guide de premier choix: l’excellent Tim Burton, qui vient de terminer une nouvelle version de ce classique du cinéma simiesque.
Sur le site promotionnel, qui permet de découvrir les premières images et la bande-annonce en avant-première, le cinéaste explique son projet: revisiter la planète des singes plutôt qu’en réaliser le remake ou la énième suite.
Son film sortira le 27 juillet aux Etats-Unis, et un mois plus tard en Europe. Que peut-on en attendre par rapport à l’œuvre originale? Comment le dessinateur de Disney devenu l’un des meilleurs cinéastes de sa génération a-t-il réinventé le mythe des singes dominants?
Flashback. Au départ, il y a un roman de l’écrivain français Pierre Boulle – plus connu pour son «Pont de la rivière Kwai» -, publié en 1963 et qui envoie un physicien et un journaliste dans l’espace à la recherche d’êtres vivants. Les deux héros atterrissent sur une planète où les singes, organisés en une société évoluée, dominent les humains.
Le film original de Franklin Schaffner, réalisé en 1968, reprend cette trame en l’épurant au maximum, d’abord par manque de moyens financiers et techniques. Les singes ne sont pas à la pointe de la technologie comme le laisse entendre le roman mais habitent dans des grottes et des huttes d’apparence moyenâgeuse. Ils séquestrent les hommes dans de grandes cages et les utilisent comme esclaves muets et dociles. Jusqu’au jour où un homme venu d’on ne sait où, nommé Taylor (un Charlton Heston au sommet de sa carrière), se met à leur répondre…
La réalisation habile de Schaffner fait oublier les aspects les plus caricaturaux du scénario. A savoir l’homo sapiens intelligent qui débarque du ciel pour réveiller les siens, ou les castes des singes déterminées selon leur race. Ainsi, les gorilles sont militaires, les orangs-outans politiciens et les chimpanzés scientifiques…
Le film rencontre un succès plus qu’honorable et deux ans plus tard sort sa première suite: «Le secret de la planète des singes» de Ted Post, sans Charlton Heston mais avec nos deux chimpanzés préférés, Zira et Cornélius. Un nouvel opus suivra chaque année. Ainsi «Les évadés de la planète des singes» et «La conquête de la planète des singes» relateront à rebours tout l’historique de la Terre devenue, on l’a compris, planète simiesque.
Le dernier épisode, «La bataille de la planète des singes», dans lequel apparaît John Huston, raconte la victoire que remportent les primates. L’histoire se déroule en décembre…. 2001.
A partir de là, l’aventure se poursuivra du côté de la télévision. En 1974, la Fox produit une série avec les Starsky et Hutch du futur, Virdon et Burke (le blond et le brun), partis en 1980 de la Terre et qui atterrissent en 3081 sur cette même Terre où ils sont recueillis par le chimpanzé Galen. Tout le potentiel scénaristique du roman de Pierre Boulle semble alors épuisé. «La planète des singes» est entrée dans l’histoire.
Au milieu des années 90, l’intérêt renaît dans les studios de la Fox, où les producteurs pensent à un remake. Le projet est alors mené par Oliver Stone, qui imagine Arnold Schwarzennegger dans le rôle de l’astronaute échoué. Occupé par d’autres activités, Stone laisse finalement tomber l’histoire, qui sera récupérée par Tim Burton. Le tournage commence fin juin 2000, avec Mark Wahlberg en tête de distribution, qui a signé son contrat sans même avoir lu une ligne du scénario.
«Si vous avez l’opportunité de tourner avec Tim Burton, vous le faites» déclare le comédien. Le reste du casting, longtemps sujet à spéculation, mélange les styles. Ainsi se côtoient Kris Kristoferson, Helena Bonham-Carter et Tim Roth, sans oublier Charlton Heston, qui apparaît cette fois maquillé en singe.
Contrairement au film de 68, très lumineux et sec, «La planète des singes» de Burton promet d’être sombre et moite, avec de nombreuses scènes de nuit et de forêts tropicales. Pour maintenir le suspense, le cinéaste a tourné cinq fins différentes.
Après les jeux naïfs de «Pee Wee’s Big Adventure», l’épouvante de «Beetlejuice», la noirceur des deux premiers épisodes de «Batman», la magie d’«Edward Scissorhands», l’hommage cinématographique à «Ed Wood», la satire de «Mars Attacks» et la légende de «Sleepy Hollow», cette nouvelle exploration de «La planète des singes» devrait permettre à Burton de réinventer une nouvelle facette de l’imaginaire américain contemporain.
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«La planète des singes», de Tim Burton (2001), avec Mark Wahlberg. Sortie prévue le 27 juillet aux Etats-Unis et le 29 août 2001 en Suisse.
