KAPITAL

Edipresse se lance dans la télévision

Le groupe de presse lausannois débauche Christophe Rasch, responsable web de la Télévision romande, pour lancer un département spécialisé dans la production d’images.

Les images bougeront bientôt dans une autre tour que celle de la TSR en Suisse romande. Celle d’Edipresse à Lausanne. L’éditeur a confirmé jeudi à Largeur.com la création d’un nouveau département consacré à l’audiovisuel.

«Avec le développement du web, un grand groupe de presse ne peut plus se contenter de l’écrit. Il doit apprendre à décliner les informations en images et en sons, explique Tibère Adler, directeur d’Edipresse On Line (EOL), filiale multimédia de l’éditeur. Nous menons depuis longtemps cette réflexion et nous avons désormais trouvé la personne adéquate pour mener à bien cette mission.»

C’est Christophe Rasch qui prendra la responsabilité de ce nouveau département dès le mois de septembre. Ce journaliste de 34 ans a commencé sa carrière comme journaliste à 24 Heures (Edipresse), avant de rejoindre la Radio suisse romande, puis la TSR. L’an dernier, il avait pris en charge le développement des activités en ligne de la chaîne (dont la création du site TSR.ch). Sa décision de quitter son poste succède de quelques semaines à la nomination de Philippe Mottaz à la tête du département TSR Interactive mis en place par la nouvelle direction.

«J’avais envie d’ouvrir mon horizon et le défi que me propose Edipresse me le permet, commente Christophe Rasch dont les fonctions ne se limiteront pas à la Suisse. De plus, ma logique et mes projets correspondent mieux au secteur privé qu’à un média public. J’ai la sensation qu’Edipresse se donne les moyens de déployer une stratégie ambitieuse en matière de multimédia.»

Côté contenu, le groupe lausannois envisage de produire des émissions courtes et thématiques. «La télévision généraliste a vécu, résume Tibère Adler. Nous voulons développer des programmes audiovisuels ciblés qui puissent par ailleurs s’appuyer sur nos journaux. Par exemple, nous pourrions associer le magazine Bilan à une émission économique ou Optima à un programme sur la santé.»

Le groupe envisage de diffuser ses programmes sur plusieurs supports dès le début de 2002. «Internet sera utilisé comme une plate-forme de choix puisque nous possédons déjà plusieurs sites, poursuit Tibère Adler. Mais nous comptons aussi vendre nos productions à des chaînes thématiques diffusées sur le câble où par des bouquets satellites. En Suisse, nous souhaitons développer des collaborations avec les chaînes locales et même avec la TSR.»

Même s’il a débauché le responsable des activités en ligne de la chaîne publique, le directeur d’Edipresse On Line ne voudrait surtout pas que ce développement dans l’audiovisuel soit perçu comme un «mouvement anti-TSR». «Au contraire, notre démarche sera complémentaire aux grandes chaînes, insiste Tibère Adler. Dans ce secteur, je vois un rapprochement entre notre groupe et la SSR.»

En Suisse, les groupes de presse Ringier, TA-Media et NZZ produisent ou coproduisent déjà des émissions télévisées diffusées notamment sur la chaîne publique alémanique SF DRS.

Christophe Rasch voudrait développer ce type de synergie de ce côté de la Sarine. «Ce n’est pas avec des sujets de terrain que nous nous distinguerons de la TSR, dit-il. Nous mettrons en place des programmes ciblés, courts et nerveux: des débats, des inteviews et des commentaires, par exemple économiques. Ces sujets seront filmés dans une qualité suffisamment bonne pour pouvoir être diffusés non seulement sur le web mais aussi sur les chaînes de télévision intéressées à les retransmettre, qu’elles soient locales ou nationales.»

Dans un premier temps, Edipresse travaillera surtout avec un réseau de studios, de producteurs et de journalistes indépendants. «Il existe énormément de petites PME de l’image, notamment en Suisse romande, explique Tibère Adler. Dans un deuxième temps, nous procéderons à des acquisitions.»

La santé financière du groupe basé à Lausanne le lui permettra sans doute. Edipresse annonçait jeudi un bénéfice net de 60,1 millions de francs suisses, en hausse de 3,6%. Le chiffre d´affaires, dont plus de la moitié est réalisé hors de Suisse, a progressé de 7,7% à 730 millions de francs. En 2000, le groupe a investi 5 millions dans les activités en ligne. Ce montant devrait passer à 7 ou 8 millions cette année.