Le moteur de recherche Miningco vient de changer son nom en About.com. L’entreprise, qui repose sur le quasi-bénévolat de ses guides, a levé 75 millions de dollars en bourse.
Internet est un monde qui change vite, mais pas aussi vite que ses valeurs boursières. Même chez ceux qui ont réussi à se hisser au «top-ten» des sites les plus visités au monde, une interrogation demeure: comment gagner de l’argent?
A moins de vivre aux crochets d’un grand groupe qui peut se permettre d’investir des millions de dollars sans compter, comme Disney ou Microsoft, la seule solution est de se lancer en bourse pour obtenir des fonds. Mais là aussi, la concurrence est rude pour attirer l’attention d’investisseurs américains blasés par un marché en hausse constante.
Le New York Times cite l’exemple de Miningco.com, un excellent moteur de recherche dont les rubriques sont dirigées par des internautes spécialisés. Figurant à la vingt-quatrième place des sites les plus visités, Miningco.com avait prévu une nouvelle entrée en bourse pour le mois de mars.
Pour préparer le terrain, Scott Kurnit, le patron et fondateur de l’entreprise, a eu l’idée de lancer une campagne de pub de 15 millions de dollars et de changer le nom du site en About.com quelques jours à peine avant l’opération. Du jamais vu dans l’histoire des entrées en bourse. Changer le nom d’une compagnie à l’aube d’une augmentation de capital de 75 millions de dollars est considéré par les investisseurs comme de la folie pure.
Mais peu importent les critiques quand il faut aller vite et fort. About.com espère ainsi combler le petit fossé qu’il lui reste à franchir pour rejoindre le peloton de tête de moteurs de recherche. Son fonctionnement est unique et la machine paraît bien rodée: elle repose sur près de 1000 collaborateurs quasiment bénévoles, qui enrichissent de jour en jour les rubriques du site.
D’après le Spiegel, qui consacre un article au bénévolat sur internet, le géant AOL, avec 12’000 employés, bénéficie de l’aide de 14’000 bénévoles. Geocities compte 300 employés et 1’800 bénévoles. Ces sites tirent un immense profit de ces internautes qui prennent en charge un travail souvent fastidieux.
Chez AOL, les bénévoles n’ont droit qu’à quatre semaines de vacances par an. S’ils refusent ce principe, l’entreprise n’a aucune peine à trouver des remplaçants. Ces conditions de travail ont amené une quarantaine d’employés à déposer plainte auprès du ministère du Travail, en espérant un éclaircissement de leur situation sur le plan légal.
Chez About.com, les guides reçoivent une «compensation» de quelques dollars et bénéficient d’un pourcentage sur les revenus publicitaires générés par leurs pages. Une manière habile d’éviter les problèmes légaux.
Lorsqu’on demande à Scott Kurnit ce qu’il va faire des 75 millions de dollars fraîchement levés, il satisfait tout le monde en répondant qu’il pourra engager de nouveau vendeurs pour les espaces publicitaires: les investisseurs profiteront des revenus autant que les guides. Toute proportion gardée.
