Pour les teenagers, le réseau est devenu le lieu de drague idéal. Il permet de faire connaissance sous pseudonyme avant de se donner rendez-vous dans le monde réel. Mais comment éviter les mauvaises surprises?
«Tu la fais se decrir. Mais on peu tjs etre decu kan on la voi. Les moches elles sembellisse et on se fai une fosse image. Du coup, tu imagine un knon et tu te retrouves avec 1 thon de 120 kg.» C’est sur la messagerie en direct de Caramail que Laurent, 17 ans, va pêcher, si possible autre chose que des «thons». Derrière son pseudo, «rekain78», il fait connaissance, comme des millions d’ados du monde entier, avec des internautes de son âge et de sa région.
Auprès des jeunes, la drague sur l’internet a vite imposé ses rituels, à commencer par un langage phonétique et abrégé, inspiré de celui des SMS. Il est considéré comme «kewl» (cool) de ne pas s’embarrasser des règles orthographiques – au contraire – et d’intégrer un maximum de jargon. Canon s’écrit «knon».
L’approche aussi a ses règles. Avec pour objectif d’obtenir une photo et, en fonction, un rendez-vous. «Je tchatche généralement pendant une heure avec la fille, explique «lobo_1», un Genevois de 17 ans. J’aborde les questions d’usage: âge, sexe, ville et l’incontournable description physique. Ensuite, je passe rapidement à l’action: je demande une photo, le numéro de mobile ou je donne le mien. Si ça n’avance pas assez vite, je passe à quelqu’un d’autre.»
Face à une mécanique masculine rodée, la plupart des filles ont une réaction plus sensible, plus lente et souvent méfiante. «Beaucoup de gens mentent sur les messageries, notamment sur l’âge ou le physique, constate «mary-mary-mary», 15 ans, de Troyes. Personnellement, je ne donne pas facilement ma photo, ni mon numéro de téléphone. Une fois, j’ai donné mon numéro et le gars n’arrêtait pas de me harceler.» L’adolescente multiplie les rencontres en ligne – «pendant genre, un mois» – avant d’aller plus loin. «Et si le mec n’est pas joli sur la photo, je cause encore avec lui, car je ne me base pas seulement sur le physique.»
Moins patiente, «counela», 16 ans, en est à sa troisième rencontre concluante sur le net. «Le problème, c’est que les mecs sont souvent trop moches et qu’ils n’envoient pas de photo. Ou alors ils envoient une image où on ne peut pas bien voir. Une fois, je suis tombée sur un vrai film d’horreur, il faisait pitié. Ma technique: photo exigée ou alors je demande au gars de venir avec un pote. Comme ça, il y a une roue de secours. Par exemple, la dernière fois, j’ai fini avec son ami!»
Le rendez-vous dans le monde réel représente l’étape la plus «flippante» (ou «kiffante», c’est selon). «La découverte de l’autre, c’est un plaisir, raconte «rekain78», qui en est à sa septième expérience du genre, et seulement deux déceptions. Il faut choisir un endroit où tu peux voir la fille avant d’arriver. Une fois, je me pointe et, à la place de la jolie meuf de la photo, je trouve un gros thon. Je me suis cassé direct!»
Si les ados privilégient les messageries en direct («chat»), les internautes plus âgés préfèrent les forums comme Largeur.com, voire les agences de rencontres comme FriendFinder.com. Le système mis à disposition permet de sélectionner un candidat en fonction de critères très précis, puis de dialoguer anonymement par courrier électronique.
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Cet article de Largeur.com a été publié le 23 septembre 2001 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.
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