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Le dernier David Lynch: je l’ai compris en ligne

«Mulholland Drive» sort aujourd’hui sur les écrans suisses. J’ai été totalement séduite par le film. Mais c’est seulement après avoir consulté certains sites que j’ai compris de quoi il retournait.

Une jeune actrice canadienne, Betty, aussi blonde que naïve, débarque à Los Angeles dans l’espoir d’y devenir célèbre. Elle rencontre une belle amnésique à la chevelure aussi sombre que son passé. Hollywood, l’industrie du cinéma, la désillusion et le rêve: c’est le dernier film de David Lynch, «Mulholland Drive», qui sort ces jours en Suisse.

Vous raconter le scénario serait une perte de temps. Le film prend des détours inattendus, tout comme la route qui lui a donné son titre. Dans cette histoire, le spectateur n’est pas au volant.

Dès la fin du générique, pendant lequel le public reste assis, figé par la surprise, les conversations s’animent. Certains spectateurs se sont énervés devant ces bribes d’histoires que le réalisateur a choisi de ne pas assembler. D’autres, comme moi, sont totalement séduits par l’univers onirique dans lequel Lynch les a baignés pendant deux heures et demie. Mais ravis ou non, tous cherchent à remettre les pièces en place et à donner un certain sens au récit ouvert.

J’ai compris «Mulholland Drive» près de 24 heures après l’avoir vu. Et ce n’est pas parce que je suis retournée à une deuxième séance, comme plusieurs cinéphiles l’ont fait. Je me suis plutôt tournée vers le Web, et j’ai été submergée par une vague d’interprétations qui se sont mêlées depuis à mes souvenirs du film. Cette expérience m’a fait penser à ces anecdotes liées à notre petite enfance, racontées si souvent par notre famille que l’on ne sait plus si nos souvenirs sont authentiques ou s’ils sont colorés par le récit. Avais-je moi-même remarqué certains indices semés dans les dialogues de «Mulholland Drive», ou bien les ai-je lus sur le Web?

C’est sur le réseau que j’ai appris par exemple que «Mulholland Drive» n’était pas vraiment un film mais plutôt une série télévisée qui n’a jamais vu le jour. Lynch avait réalisé un épisode pilote pour la chaîne américaine ABC, laquelle a ensuite refusé le projet. Le réalisateur a réussi à obtenir le soutien de Canal Plus, et le pilote s’est transformé en long métrage de cinéma.

La première partie de «Mulholland Drive» est donc le résultat de ce scénario télévisuel où tout se déroulait très lentement, dans le but de faire découvrir les personnages semaine après semaine. Lynch a réuni son équipe quelques mois plus tard pour tourner la seconde partie.

Si le réalisateur se dit satisfait de l’œuvre finale, la différence entre les deux parties reste perceptible. Surtout lorsque l’on prend le temps de lire le scénario original de la série originelle, disponible, à la surprise de monsieur Lynch, sur plusieurs sites.

Le travail de création peut donc être examiné à la loupe et si le film en perd un peu de son mystère, on ne peut qu’admirer l’ingéniosité de Lynch, qui a su récupérer un scénario vague pour un faire une oeuvre artistiquement achevée.

De leur côté, les critiques du magazine Salon ont publié un article intitulé «Tout ce que vous vouliez savoir sur Mulholland Drive». Lire un tel article avant de voir le film gâcherait tout le plaisir, mais c’est avec plaisir que je m’y suis plongée après coup. Les observations des auteurs sont incroyablement détaillées. Les lecteurs de Salon ont aussitôt répliqué avec leurs propres interprétations, et leurs commentaires sont réunis en un long article fascinant dans son délire de symbolisme et de recherche de sens.

Si ces textes n’ont pas étanché votre soif de comprendre, il reste évidemment les cialis farmacie online, entrevues et visites sur le plateau de tournage de Mulholland Drive, sans oublier les nombreux sites de lynchophiles – dont celui, très complet, de Mike Hartmann.

Avec le Net, «Mulholland Drive» n’appartient plus entièrement à Lynch. Il est devenu en quelque sorte une oeuvre collective, modelée à la fois par les fans, les critiques et les simples cinéphiles du samedi soir. David Lynch nous promet d’ailleurs depuis longtemps un site Web qu’il met beaucoup de temps à compléter. Peut-être est-ce parce que le réalisateur a compris que son image comptait maintenant autant sur le Web que sur le grand écran?