KAPITAL

Le DVD, un succès historique

Un seul disque doré peut contenir l’équivalent de 25 CD. Il sert pour la vidéo, mais aussi pour l’informatique et la musique. Pas étonnant que ce nouveau support connaisse la plus forte croissance de toute l’histoire de l’électronique de divertissement.

En 1998, il s’est vendu dans le monde 3,6 millions de lecteurs de DVD vidéo. L’industrie compte sur une croissance de plus de 100% cette année. «Il s’agit de la pénétration la plus rapide de l’histoire de l’électronique de divertissement, se réjouit Albrecht Gasteiner, directeur du DVD Forum, un consortium suisse qui réunit constructeurs et distributeurs. A titre de comparaison, après deux ans d’existence, les lecteurs de CD n’avaient séduit que 2,1 millions de consommateurs.»

Le succès du DVD (dont les initiales ont successivement signifié Digital Video Disc, puis Digital Versatile Disc) s’explique surtout par le saut qualitatif considérable que ce nouveau support représente par rapport à la cassette vidéo. La définition de 540 lignes-écran, contre 250 pour une cassette VHS, donne une image beaucoup plus nette et des couleurs plus éclatantes. En plus, le support de très haute capacité (huit heures de film sur une seule galette, qui a pourtant exactement la même taille qu’un CD) permet l’enregistrement du son sur 5 canaux (gauche, droite, deux surrounds et un subwoofer pour les basses), et en 8 langues différentes à choix. Sans oublier le sous-titrage, disponible jusqu’à 32 langues.


Le nombre de lecteurs DVD vidéo vendus en 1998 a dépassé les 3,6 millions. A titre de comparaison, deux ans après son lancement, le CD ne séduisait que 2,1 millions d’usagers et le magnétoscope moins de 1 million.

Actuellement, environ 4000 titres de films, récents ou réédités, sont disponibles en zone 1 (Etats-Unis), contre moins de 500 en zone 2. Selon l’association SAFE de lutte contre le piratage, il se vend en Suisse autant de DVD zone 1 par année que de zone 2.

«Le succès du marché gris, qui consiste à importer directement les films des Etats-Unis, s’explique surtout par la différence d’offre, explique Albrecht Gasteiner. Lorsque le catalogue de zone 2 sera plus riche, ce trafic diminuera considérablement.» Mais pour l’association SAFE, le trafic persistera tant que les films américains sortiront plusieurs mois avant l’Europe sur DVD. On peut en effet souvent acquérir par internet le DVD d’un film qui n’est même pas encore sorti dans les salles européennes.

Un lecteur DVD vidéo, à brancher sur sa télévision, coûte aujourd’hui environ 1000 francs suisses (4000 FF). Depuis quelques mois, les modèles dézonés sont disponibles au même prix, y compris dans les grandes surfaces. Malheureusement, il n’existe pas encore d’enregistreur de DVD. Les obstacles sont techniques (un disque DVD contient deux couches par face, ce qui rend la gravure lente et complexe) mais aussi commerciaux, puisque le DVD enregistrable stimulerait le piratage des films: sur un tel support numérique, il n’y a pas de déperdition de qualité entre l’original et la copie, contrairement à la cassette VHS.

Le DVD s’utilise aussi et surtout comme support informatique: le DVD-ROM. De 100’000 lecteurs vendus en 1996, la première année, on est passé à plus de 10 millions l’an passé, dépassant ainsi de loin les appareils à brancher sur la télévision. Le CD-ROM n’avait séduit que 80’000 usagers après plus de trois ans d’existence.

La capacité du DVD-ROM dépend de sa préparation: un disque d’une face et d’une couche peut contenir 4,7 Giga-octets de données. Si la face possède deux couches, la capacité monte à 8,5 Giga. En ajoutant l’autre face, on atteint respectivement 9,4 Giga et un maximum de 17 Giga. Sur certains lecteurs, il faut tourner manuellement le disque, comme les vinyls d’autrefois. De nombreuses applications multimédia et bien sûr de jeux, exploitent déjà cette capacité 25 fois supérieure à un CD-ROM.

En modèle interne, un lecteur DVD-ROM coûte environ 300 dollars, soit environ 500 francs suisses (2000 FF). Le même périphérique peut lire des CD-ROM ainsi que des DVD vidéo. Le must consiste à équiper son portable d’un lecteur interne de DVD et l’utiliser ainsi comme mini-projecteur. Le DVD-ROM possède généralement un raccordement pour la télévision et peut donc servir de lecteur de salon. Certains modèles possèdent d’ailleurs une télécommande. La décompression du format MPEG-2 utilisé pour les films peut se faire de manière logicielle (il faut alors une machine puissante) ou au moyen d’une carte dédiée (quelques centaines de francs).

Seul désavantage du DVD-ROM, il ne lit pas les CD enregistrables ou CD-R (ceux que l’on peut enregistrer une seule fois et qui se sont généralisés dans les entreprises pour les sauvegardes). Par contre les CD-RW (read-write, donc réinscriptible plusieurs fois) peuvent s’employer dans un lecteur DVD.

En dernier lieu, signalons que le DVD s’annonce aussi comme un remplaçant potentiel du CD. Un seul DVD peut contenir l’équivalent de 25 disques musicaux. Soit l’intégrale des symphonies de Beethoven.