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Le Vatican et ses démons réactionnaires

Sous forte pression médiatique, l’Eglise catholique peine à trouver la bonne parade, comme elle avait souvent su le faire par le passé. Exemples choisis à travers les grands tournants de son histoire.

Dans une chronique d’une grande perspicacité, Joëlle Kuntz notait dans Le Temps du 7 avril que la fonction pontificale est en train de perdre son aura divine face à la montée des revendications de ses ouailles et à la pression médiatique. La papauté serait sommée de se démocratiser et de s’adapter aux mœurs d’aujourd’hui en renonçant à un mode de direction absolutiste de droit divin hérité d’un lointain passé.

Est-ce à dire qu’à la mort de Benoît XVI, nous assisterons à une campagne électorale médiatisée mettant aux prises divers candidats au Saint Siège? Voire même à des primaires entre prélats représentants des tendances ecclésiales diverses ou opposées? Ne rêvons pas! Dans l’espace culturel et cultuel occidental, l’Eglise catholique bat de loin le record de longévité institutionnelle et il est peu probable qu’elle en fasse son deuil demain.

La pression est si forte qu’elle devra y répondre d’une manière où d’une autre. Sans avoir, selon une habitude millénaire, le temps de prendre vraiment son temps. Les grands tournants de son histoire nous donnent à ce propos de précieuses indications. Sans aller dans les grands débats des premiers siècles au cours desquels elle épura sa doctrine, retenons-en trois, imposés chaque fois par une attitude défensive: les réponses données à la Réforme protestante, à la Révolution française, à la démocratisation de nos sociétés.

Ces réponses furent élaborées au cours de conciles restés gravés dans la mémoire historique: le concile de Trente (Trento dans le Haut-Adige, ville aujourd’hui italienne), le cialis 20 mg fta et celui de Vatican II. Pour chacun de ces conciles, il s’est agi de mettre l’Eglise en harmonie avec son temps.

On remarque que les cycles sont de plus en plus courts. Le concile qui marque indiscutablement une rupture est celui de Trente qui dura de 1545 à 1563 et qui devait à la fois renouveler l’institution encore empêtrée dans des pratiques scolastiques et moyenâgeuses et, surtout, résister aux succès foudroyants de la Réforme luthérienne et zwinglienne. Si l’on tient compte du fait que Luther rendit publiques ses cialis ultra pro enhanced en 1517 et que quinze mois plus tard Zwingli faisait connaître ses idées réformatrices du haut de la chaire de Grossmünster de Zurich, on voit que même face à un mouvement mettant en cause son existence, l’Eglise de Rome fut très lente à se mouvoir. Essentiellement en raison de dissensions internes.

Quand enfin le concile se réunit en décembre 1545 dans une ville «neutre» (Trente est alors une principauté épiscopale jouissant d’une très grande autonomie), seule une poignée d’évêques répond à la convocation pontificale. Après moult interruptions, conflits et disputes théologiques ou politiques, les travaux se terminent presque vingt ans plus tard (1563) par une série de décisions qui renouvellent en profondeur l’institution, ses serviteurs et son idéologie. Toutes ces mesures sont au cœur de la Contre-réforme qui va, avec des méthodes très musclées, entreprendre la reconquête de quelques positions cédées aux protestants, engendrant des guerres de religion en France, en Allemagne et en Europe centrale. Et contenir leur expansion.

Ce qui est intéressant pour le débat actuel, c’est qu’à cette époque le Vatican s’est montré capable de réagir en inventant avec une grande intelligence des méthodes de propagande très modernes. Ainsi, pour s’adresser aux foules éveillées par les fantastiques progrès de la communication (imprimerie, développement des langues vernaculaires), elle donna mission aux jésuites de former les cadres et les élites en ouvrant partout des collèges et en développant des activités culturelles comme le théâtre, religieuses comme le catéchisme.

Aux capucins, elle laissa le soin d’éduquer le peuple à coup de processions, de prêches et de fêtes obligatoires. Pour la transparence et la massification de son enseignement, elle abandonna résolument la pénombre et les innombrables chapelles de l’art roman ou gothique, pour imposer un baroque flamboyant, réaliste, lumineux, dans lequel l’individu était contraint de se fondre dans la foule.

L’efficacité de ces mesures permit aux catholiques de traverser deux siècles sans beaucoup d’inquiétude. Le choc révolutionnaire de 1789 avec la création d’une religion officielle laïque, la séquestration puis la privatisation des propriétés du clergé prit l’Eglise au dépourvu. Menacé sur terres par l’émergence du nationalisme italien, le pape qui règne encore comme monarque sur Rome et l’Italie centrale peine à ébaucher une stratégie de sortie de crise. Paradoxalement, au moment où le mouvement nationalitaire est sur la crête de la vague, il se réfugie dans des positions ultra-réactionnaires.

En 1864, année de fondation de la Croix-Rouge et de la Première Internationale, il publie le Syllabus, un texte qui condamne en bloc toutes les idées modernes du libéralisme au communisme. Cinq ans plus tard, à la veille de perdre Rome en tant que seigneur, il convoque le concile Vatican I qui aura juste le temps de proclamer le dogme de l’infaillibilité pontificale avant que les éminences ne soient dispersées par les baïonnettes piémontaises. Le pape, bien qu’infaillible, ne règnera plus dès lors que sur les 440 hectares de la Cité du Vatican.

Quoiqu’atténuées par quelques mesures isolées, dont l’encyclique de Léon XIII (Rerum novarum, 1891), les positions réactionnaires de l’Eglise catholique traverseront la première moitié du XXe siècle chevauchant les dictatures de droite, bénissant les (nombreux) foudres de guerre et maudissant les communistes. Cela dura jusqu’à la mort de Pie XII à la fin des années 1950 et à l’élection de Jean XXIII, un pape âgé, qui, à la surprise générale, sonna l’heure d’un aggiornamento espéré par la plupart. Ce fut le concile Vatican II qui en trois ans de travaux (1962-1965) fit entrer une Eglise aérée dans la société contemporaine. Mais (je caricature) suffit-il d’abandonner la messe en latin pour être moderne et même postmoderne? La réponse est évidente.

A l’issue du formidable combat qu’elle doit mener aujourd’hui contre la désaffection de ses ouailles, la papauté, désacralisée, confrontée à des croyants qui veulent bien croire mais aussi ne rien perdre de leurs acquis démocratiques, va devoir renouveler non l’Eglise elle-même (quoique…), mais sa manière de la diriger, d’être médiévalement vaticanesque.